Revue « appropriée » de Broadway : Sarah Paulson et Elle Fanning alimentent un
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Un héritage familial empoisonné prend vie sous les projecteurs
Dans les méandres des conflits héréditaires, la pièce à succès de Branden Jacobs-Jenkins, « Appropriate », ressuscite en majesté sur les planches de Broadway avec une première mise en scène au Helen Hayes Theatre, captant l’attention du public comme rarement auparavant.
Cette comédie familiale acerbe dépeint le portrait sans concession d’une fratrie adulte, se définissant par une amertume et un mépris mutuels d’une intensité rare. Leurs échanges cinglants évoquent les querelles mémorables de pièces telles que « August: Osage County » de Tracy Letts ou encore « A Long Day’s Journey Into Night » d’Eugene O’Neill.
Quand les fantômes du passé refont surface
Le talent de Jacobs-Jenkins réside dans sa capacité à rendre ses personnages, pris dans la tourmente d’une joute verbale sans fin, non seulement crédibles mais aussi d’une certaine manière attachants. Issus d’une lignée colonisatrice établie sur le sol américain il y a des générations, ils sont hantés par l’héritage trouble d’un patriarche dont même la mort ne les délivre pas.
Sarah Paulson brille dans un jeu d’intensité dramatique
La mise en scène pénétrante de Lila Neugebauer brille par sa gestion des tensions, incarnées avec brio par Sarah Paulson en tant que gardienne inflexible de la famille. Elle donne à Toni une présence scénique alpha, débordant d’autorité, ne tolérant aucune faiblesse de ses proches, offrant une performance qui rappelle les grands rôles féminins interprétés par Laurie Metcalf.
Paulson, après des années loin de Broadway, revient avec une performance qui évolue graduellement de la fureur à une vulnérabilité poignante, notamment lors d’une tirade captivante livrée depuis un décor imposant, magistralement conçu.
La famille, entre amour et déchirements
Stoll, incarnant le frère apaisant, représente un pilier de raison, jusqu’à un bouleversement final, prouvant que derrière la façade de calme peuvent se cacher des tempêtes prêtes à éclater. Son retournement final, plus percutant que les éclats de colère de Paulson, signe l’apogée dramatique de la pièce.
Franz, le frère égaré, et River, incarnée par une Elle Fanning faisant ses débuts avec aisance sur Broadway, ajoutent une dimension supplémentaire à la dynamique familiale, tout en explorant les clichés des différents parcours de vie et des choix personnels.
Enfin, la prestation de Graham Campbell ajoute une couche de mystère à cette saga familiale, laissant transparaître des sous-courants de secret et de tension à travers un personnage jeune et en proie au doute.
« Appropriate » s’impose donc comme une œuvre miroitant les frictions d’une famille face à son passé, où chaque réplique, chaque secret révélé, alimente un héritage familial chargé d’histoire et de rancœurs enfouies, mis en exergue par une distribution talentueuse et une mise en scène aiguisée.