[Critique] Gemma Bovery

Gemma Bovery 2014

Depuis presque une semaine, vous pouvez découvrir le nouveau film d’Anne Fontaine (Perfect Mothers, Coco avant Chanel) adapté du roman graphique de Posy Simmonds, ou l’histoire d’un homme qui a pour nouveau voisin un couple aux noms presque identiques à ceux du couple du chef d’oeuvre de Flaubert : Madame Bovary.

C’est un choc des cultures, la rencontre entre des personnes issues de pays différents. Un mari et une femme et un boulanger, passionné par le roman de Gustave Flaubert. Et c’est sur de jolis paysages verts de la campagne normande que se joue cette rencontre. Un film aussi drôle – et parfois triste – qu’agréable à regarder, de part ses nombreux plans sur une nature riche.

Drôle par la présence et la narration de Luchini, ou Martin dans le film. Il s’adresse de façon malicieuse, livrant ses réflexions à son chien – et au public – sur ces nouveaux voisins et plus particulièrement sur cette femme qui lui rappelle un personnage chéri depuis qu’il a seize ans. Il se fait même metteur en scène, offrant, à nous spectateurs, une sympathique imagination sur l’adaptation du roman à la vie réelle, lorsqu’il interprète les discussions entre certains personnages. Luchini est drôle, mais jamais il ne va trop loin, ce sont des petites phrases lancées par-ci par-là qui nous font rire, mais l’intérêt pour le film reste le même : que va devenir Gemma Bovery ?

Car sans même avoir lu Madame Bovary, nous connaissons presque tous plus ou moins le sujet de ce roman, et même si ce n’est pas le cas Martin en parle suffisamment pour que nous ne soyons jamais perdus. Alors nous suivons la vie de Gemma, cette Londonienne qui tente de s’habituer à la vie paisible en Normandie, sous l’œil curieux, et parfois presque voyeur, du boulanger qui vit en face de chez elle.

Gemma, interprétée par une Gemma Arterton splendide, qui suivra de manière presque ironique, car sans en avoir conscience, la vie d’une héroïne presque homonyme. Pour elle, nous ressentirons de la sympathie, de la curiosité, de l’animosité, un peu de tout. Et sans aucun doute dû au joli minois de l’actrice, elle nous offre une palette émotionnelle assez intense. Et comment ne pas craquer en écoutant son accent lorsqu’elle apprend le français ? (Pour l’anecdote, elle a appris sur le tournage même de ce film la langue de Molière). Et les plus belles scènes sont celles où nous découvrons son intimité, que ce soit ces souvenirs ou encore sa nuque, son corps.

Mais la beauté de ce film ne repose pas essentiellement sur les plans, il ne faut pas oublier la musique et les costumes. La bande-son de Gemma Bovery est un doux mélange de musiques classiques et morceaux plus contemporains, nous entraînant parfois dans des scènes qui auraient pu être une adaptation fidèle du roman et nous ramenant à une réalité, le présent et surtout à l’humeur de Gemma. Et il en est de même pour les robes qu’elle porte, délicate et fleurie, elles nous rappellent facilement la mode du 19ème siècle. Ce qui ne cesse de pousser Martin dans son fantasme qu’elle représente Emma Bovary. 

Et rendons justice aux personnages secondaires qui eux aussi apportent la dose d’humour, principalement avec Elsa Zylberstein qui incarne le joli cliché de la femme riche à la campagne.

Gemma Bovery 2014

Un bien joli film par Anne Fontaine, où Luchini et Arterton y sont parfaits et qui nous donnera même envie, à la fin, de lire (ou relire) le roman de Flaubert !

Note :

Note-8-10

 

Gemma Bovery
Réalisé par Anne Fontaine
Avec Gemma Arterton, Fabrice Luchini, Jason Flemyng,…

Date de Sortie: 10 septembre 2014
Genre: Comédie, Drame

Synopsis: Martin est un ex-bobo parisien reconverti plus ou moins volontairement en boulanger d’un village normand. De ses ambitions de jeunesse, il lui reste une forte capacité d’imagination, et une passion toujours vive pour la grande littérature, celle de Gustave Flaubert en particulier. On devine son émoi lorsqu’un couple d’Anglais, aux noms étrangement familiers, vient s’installer dans une fermette du voisinage. Non seulement les nouveaux venus s’appellent Gemma et Charles Bovery, mais encore leurs comportements semblent être inspirés par les héros de Flaubert. Pour le créateur qui sommeille en Martin, l’occasion est trop belle de pétrir – outre sa farine quotidienne – le destin de personnages en chair et en os. Mais la jolie Gemma Bovery, elle, n’a pas lu ses classiques, et entend bien vivre sa propre vie…

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