You’ll Never Find Me Avis critique du film (2024)
La femme qui se présente à la porte de Paul est étiquetée « La Visiteuse » dans le générique, ce qui lui donne une connotation semi-surnaturelle, même si elle est clairement de chair et de sang, frissonnante et dégoulinante. Le Visiteur de Jordan Cowan est changeant, déroutant, scintillant d’impulsions et de réponses, certaines reconnaissables, d’autres moins. Paul vit dans une caravane miteuse dans ce qui semble être au milieu de nulle part. On n’explique pas comment cette femme aux pieds nus est parvenue à le retrouver à une heure aussi tardive. Son histoire – elle s’est endormie sur la plage et rentrait chez elle à pied – n’a aucun sens. Lorsqu’elle raconte à nouveau l’histoire, les détails changent. Elle ment clairement. Paul est d’abord vu seul, une masse immobile d’un homme, détrempé par les sentiments (bien que ce qu’il ressent soit plus difficile à nommer), assis à sa petite table, écoutant la tempête hurler contre les murs minces. Quelque chose ne va vraiment pas avant même que le visiteur ne se présente.
Le comportement général de la femme ne correspond pas à sa situation. Elle essaie de faire preuve de courage face aux choses. Elle demande s’il peut la conduire en ville. Il n’arrête pas de lui dire qu’ils devront attendre que la tempête passe. Il lui propose de laisser sécher ses vêtements, il lui prépare du thé, il lui propose de prendre une douche chaude, il lui prépare de la soupe. Les ombres sont si sombres, la tempête est si forte, les craquements, les gouttes et les hurlements dans l’air font paraître sinistre la gentillesse ordinaire. Que fait-il ? Mais tout est si instable qu’on se demande aussi ce qu’elle fait. Il parle beaucoup, mais ce n’est pas du bavardage. Il bouge comme s’il était sous l’eau et ses pensées sont tout aussi lentes et délibérées. Il parle de peur et de paranoïa, de sommeil contre pas de sommeil, et elle écoute, parfois alerte aux signaux d’alarme d’un danger potentiel, mais parfois se laissant entraîner par ses rythmes. Le Visiteur est étrangement à l’aise dans cet environnement inquiétant, scrutant les objets et bibelots qui traînent autour, fouinant ouvertement. Les ombres sont épaisses et impénétrables, encore plus en cas de coupure de courant.
Bell a écrit un scénario extraordinaire. Il n’y a que deux personnages dans le film et il y a beaucoup de dialogues. Paul est pris dans ses propres imaginations sombres et insomniaques, terrorisé par ce qui pourrait se trouver à l’extérieur en essayant d’entrer. Il y a quelque chose d’hypnotique dans sa voix. La Visiteuse écoute avec ses terminaisons nerveuses. Elle veut partir. Mais elle reste.
Le rythme est lent et la conception sonore est oppressante : les hurlements du vent, les tuyaux dégoulinants et gémissants, les sols et les chaises qui grincent, le tout sonnant parfois comme des voix humaines à l’agonie. La cinématographie de Maxx Corkindale, combinée à la scénographie, est un chef-d’œuvre sombre et maussade. La palette de couleurs est si contrôlée – des rouilles et des ors ternes interrompus par des taches de noirceur totale – que lorsque d’autres couleurs arrivent – des bleus fluorescents, des argents, des gris – c’est aussi alarmant qu’un coup de feu. Il y a des moments où la tempête est si intense qu’elle frappe le plafond et les murs comme un animal sauvage. Paul et le Visiteur regardent le plafond, alarmés. Ils semblent tous les deux en danger. Dans le monde de « You’ll Never Find Me », cela pourrait très bien être vrai.