[Critique] Birdman

Après nous avoir fait vivre le calvaire de Javier Bardem dans un Barcelone miteux avec plus ou moins de pathos dans Biutiful, Alejandro Gonzales Inarritu change complètement de sujet avec Birdman, fable rédemptrice dans le milieu du cinéma. Il s’appuie sur un casting cinq étoiles et une méthode complètement folle, puisque le film est un assemblage discret de plusieurs plans-séquences. Une vraie prouesse technique possible grâce à l’aide de l’un des meilleurs chefs-opérateurs en activité, Emmanuel Lubezki.

Birdman, c’est la plongée dans la quête de reconnaissance d’un acteur has-been, qui a connu la gloire en jouant le super-héros « Birdman » dans une trilogie il y a trente ans. Mais cette image lui colle à la peau et il décide donc de casser cela en adaptant à Broadway la pièce d’un auteur l’ayant inspiré lors de ses études. Le problème étant qu’entre les conflits des acteurs, les problèmes techniques, et une petite voix dans sa tête furieusement têtue, tout ne va pas se passer comme prévu…

Et c’est absolument jubilatoire. Car Birdman, durant près de deux heures, arrive à nous emporter sans difficulté dans la peau de cet homme ne cherchant qu’un peu de reconnaissance. Le fait que le rôle d’un héros colle à la peau d’un acteur est monnaie courante à Hollywood, et si chaque cas est différent, le questionnement est le même : est-on condamné à vivre dans l’ombre du héros que l’on a incarné ? Peut-on se réinventer et séduire même les plus sceptiques ? Pas sûr que la réponse donnée par Inarritu soit évidente, mais c’est cela qui fait de Birdman une œuvre excellente : elle donne matière à réflexion et nous interroge sur l’importance des rôles que nous attribuons, parfois de manière inconsciente, aux acteurs ayant incarné les héros que nous avons toujours connu.

Une réflexion gérée de main de maître par un casting stratosphérique. De Michael Keaton à Naomi Watts, en passant par Emma Stone et Edward Norton qui n’ont définitivement pas volé leurs nominations aux Oscars, ils sont tous investis à 200% dans ce film unique en son genre. Ils sont bien aidés par une bande-originale brillante, parfois un peu envahissante mais totalement dans le ton d’un film fou, drôle, grinçant et au final émouvant.

On pourra peut-être reprocher un manque de subtilité dans la manière qu’a Inarritu de s’emparer de ses sujets, mais Birdman reste malgré tout une œuvre fascinante sur le cinéma, portée par le grand retour d’un Michael Keaton en état de grâce. On souhaite que les Oscars s’en rendent compte, et que le film ne soit pas oublié dans les récompenses à la fin du mois…

Birdman est le film du mois, une oeuvre unique et impressionnante portée par un casting en état de grâce.

Note :


 

Birdman ou la surprenante vertu de l’ignorance
Réalisé par Alejandro González Iñárritu
Avec Michael Keaton, Zach Galifianakis, Edward Norton, Emma Stone, Andrea Riseborough, Amy Ryan, Naomi Watts,…

Date de Sortie : 25 février 2015
Genre: Comédie, Drame

Synopsis: À l’époque où il incarnait un célèbre super-héros, Riggan Thomson était mondialement connu. Mais de cette célébrité il ne reste plus grand-chose, et il tente aujourd’hui de monter une pièce de théâtre à Broadway dans l’espoir de renouer avec sa gloire perdue. Durant les quelques jours qui précèdent la première, il va devoir tout affronter : sa famille et ses proches, son passé, ses rêves et son ego…
S’il s’en sort, le rideau a une chance de s’ouvrir…

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