[Critique] Zero Theorem

Lorsque Terry Gilliam n’est pas occupé à tenter de réaliser Don Quichotte, il réalise Zero Theorem, un film dans la lignée de son film culte le plus connu Brazil. Emporté par un casting plus restreint que son aîné, le film flirte avec les références à cette critique d’un gouvernement oppresseur.
Réalisateur engagé, ancien Monty Python, il fait pour ce film plus une tentative de définition de la vacuité de la vie et une critique de la religion qui sont au coeur du film… Un résultat assez étrange.

Car tout comme Brazil, le film alterne entre les pures métaphores, les rêves ou encore les univers étranges et à la fois réalistes. Car l’univers est l’opposé total de celui de Brazil, d’un point de vue visuel. Là où Brazil avait des couleurs assez ternes, mais mettait en place des couleurs vives lors des rêves, ici, on se retrouve avec une ville colorée à l’extrême, et des scènes plus sombres chez Qohen. Comme une pure opposition pour rappeler que le monde de Qohen est sombre et que cela se ressent même dans ses rêves, et est en opposition totale avec la ville et ses habitants.

Et cette opposition des couleurs sert à mettre en avant la dénonciation de la religion. Si la référence à Batman y est évidente, on appréciera que celle de Qohen soit plus sombre et discrète. Car c’est surtout la religion et son extrémisme qui est rejeté par Terry Gilliam : le personnage central est amorphe, asocial, ne se nourrit que de chose sans goût dans l’attente d’un signe, là où le reste du monde semble tourner. Le rejet de la société de consommation est aussi une constante dans les films du réalisateur. Plus sournois que dans Brazil, il se révèle surtout dans sa conclusion, lorsque l’on découvre le but de la démonstration de ce théorème quasiment impossible à démontrer. L’homme est impassible et froid, tout comme son style vestimentaire… aux motifs vifs, mais aux couleurs ternes, ce personnage est la pure critique de notre monde actuel : semblant vivant, mais amorphe au final. La dépendance à la technologie et la facilité de la contourner sont évidente

Au final, ce qui ressort du film, en dehors de sa critique, c’est une résultat assez moyen, la principale faute à une finalité qu’on a du mal à saisir. On ressort du film sans réellement savoir si on a su l’apprécier ou non, et ce n’est qu’après réflexion qu’on réalise aussi que le film est malheureusement trop lent et surtout qu’il a du mal à nous emporter dans son univers. C’est dommage, parce qu’au delà des critiques, la photographie est une pure réussite et l’univers visuel est très bien réfléchi.

Terry Gilliam nous offre une nouvelle critique censée de notre monde, mais malheureusement avec un résultat trop lent et pas assez accrocheur.

Note:


Zero Theorem

Réalisé par Terry Gilliam

Avec Christoph Waltz, David Thewlis, Mélanie Thierry …

Date de Sortie: 25 juin 2014

Genre: Science Fiction, Drame

Synopsis: Londres, dans un avenir proche. Les avancées technologiques ont placé le monde sous la surveillance d’une autorité invisible et toute-puissante : Management. Qohen Leth, génie de l’informatique, vit en reclus dans une chapelle abandonnée où il attend désespérément l’appel téléphonique qui lui apportera les réponses à toutes les questions qu’il se pose. Management le fait travailler sur un projet secret visant à décrypter le but de l’Existence – ou son absence de finalité – une bonne fois pour toutes. La solitude de Qohen est interrompue par les visites des émissaires de Management : Bob, le fils prodige de Management et Bainsley, une jeune femme mystérieuse qui tente de le séduire. Malgré toute sa science, ce n’est que lorsqu’il aura éprouvé la force du sentiment amoureux et du désir que Qohen pourra enfin comprendre le sens de la vie…

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