[Critique] Boyhood

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Il y a des films qui ne ressemblent à rien de connu dans l’industrie cinématographique. « Boyhood » de Richard Linklater fait partie de ceux-là. Chaque année, durant quelques jours, le réalisateur américain, déjà auteur de la trilogie des « Before… » avec Ethan Hawke et Julie Delpy a filmé quelques jours avec les mêmes comédiens ce projet mystérieux, et ce pendant… douze ans.

Oui, Linklater a filmé l’adolescence d’un gamin de ses six ans jusqu’à son entrée à l’université, avec son lot de joies, d’interrogations et de changements.

Linklater aurait pu se reposer sur la promesse de son impressionnant dispositif, mais il n’en est rien puisqu’il signe un grand film sur l’enfance, l’adolescence, et les questions que cette période amène. Loin des teen-movies habituels où les twists et retournements sont légion (comme si notre enfance et notre adolescence ressemblait à cela !), Boyhood se focalise sur des moments à la fois importants – les déménagements, les tensions avec les nouveaux beaux-pères – et sur des petits moments de la vie quotidienne : la mère qui lit le nouveau Harry Potter à ses enfants, une balade en voiture… Ce sont dans ces moments-là que la caméra de Linklater se fait à la fois réaliste et tendre. Certains diront que le film fait preuve de trop de douceur, mais loin du sempiternel portrait d’ado rebelle de la société, notre héros Mason fait durer ses interrogations et en paye d’ailleurs parfois le prix, comme la fin du film nous le montre.

Boyhood est donc un bloc de tendresse et de réalisme, mais aussi d’humour : la vie étant également faite de ces moments inattendus mais drôles. En témoigne cette hilarante scène entre le père et le fils écoutant une chanson de country involontairement comique, où même ce dialogue inattendu, réalisé quelques années avant le tremblement de terre de l’annonce de Star Wars 7, où le père et le fils s’interrogent sur un éventuel nouveau volet. Et chose très appréciable, si le film se concentre bien entendu sur son héros, il n’en oublie pas pour autant d’observer avec acuité ses parents changer.

D’une jeune mère célibataire et dépassée jouée par Patricia Arquette, on assiste à son ascension professionnelle, à ses errances sentimentales, mais toujours doublées d’un amour sincère pour ses enfants. Même constat pour le père joué par Ethan Hawke : d’abord irresponsable, on le voit changer, prendre ses responsabilités, initier ses enfants à la politique, mûrir. Boyhood est avant tout le portrait d’une famille qui mûrit, tant physiquement que moralement.

Alors oui, le film n’est pas exempt de longueurs, ses 2h45 étant parfois inutilement étirées, mais Boyhood, fort d’un casting, d’une BO et d’une sincérité attachantes, finit par séduire et nous fasciner petit à petit. Richard Linklater arrive à faire d’un projet improbable l’un des meilleurs films de l’année, qui se referme sur un plan d’une beauté et d’un optimisme rafraîchissants.

L’idée brillante de Richard Linklater est parfaite avec son casting, sa BO mais surtout ses multiples scènes belles à croquer qui fait qu’on aime le cinéma.

Note :


 

Boyhood
Réalisé par Richard Linklater
Avec Ellar Coltrane, Lorelei Linklater, Patricia Arquette, Ethan Hawke,…

Date de sortie: 23 juillet 2014

Genre: Drame

Synopsis: Chaque année, durant 12 ans, le réalisateur Richard Linklater a réuni les mêmes comédiens pour un film unique sur la famille et le temps qui passe. On y suit le jeune Mason de l’âge de six ans jusqu’ à sa majorité, vivant avec sa sœur et sa mère, séparée de son père. Les déménagements, les amis, les rentrées des classes, les premiers émois, les petits riens et les grandes décisions qui rythment sa jeunesse et le préparent à devenir adulte…

★★★★★

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