Annihilation and the Power of Anxiety | Features
Des films tels que « Akira » perdent peu de temps à créer un paysage sonore immersif qui garde les spectateurs en haleine alors que nous sommes frappés par des vagues de genres et d’instruments en guerre. Composée par le collectif expérimental Geinoh Yamashirogumi, la partition marie des inspirations de la musique Noh (théâtre traditionnel japonais) ainsi que du rock progressif, de la musique folk indonésienne, etc., de manière à rendre les leitmotivs cohérents de plus en plus déstabilisants. La fusion du folk d’Asie de l’Est avec des œuvres chorales symphoniques et de la musique de club met en évidence les thèmes du film, le requiem et l’oubli.
Le compositeur de « Uncut Gems » Daniel Lopatin (le cerveau de Oneohtrix Point Never) a créé une sensation similaire. Son expression sonore cosmique marie le rythme du récit du film avec une impulsion ricochante, couvrant le rugissement sourd du dialogue constant et le paysage sonore en colère de New York. L’inévitabilité de la conclusion du film est peut-être une évidence, mais l’anxiété que la partition produit avec sa conception axée sur le synthé et ses ruées de bruit s’installe au début lorsque nous ne savons pas mieux.
Quant à « Annihilation », le travail de Barrow et Salisbury est une compréhension magistrale de ces styles de composition, car la plus grande réussite dans l’incarnation de l’anxiété par la partition seule est réalisée en contorsionnant une dissonance aiguë des sons. « Annihilation », à un degré encore plus que les œuvres susmentionnées, est un exemple parfait de la façon de séquencer une partition pour imiter une attaque de panique.

L’anxiété et moi partageons une histoire.
J’avais l’habitude de me réveiller en pensant que le monde était fini. Silencieuse et grise, la maison de mon enfance est devenue un tombeau assemblé par mes peurs muettes et humiliantes. Je restais éveillé, momentanément paralysé, avant de vérifier mes parents, mes sœurs et mes animaux de compagnie pour m’assurer qu’ils étaient toujours en vie.
Mon souffle est si souvent volé dans ces cas, chaque souffle gagné par le troc. On m’a dit jeune que la racine d’une crise d’angoisse était le sentiment d’une catastrophe imminente, aussi inexplicable soit-elle. Ce que j’ai appris, c’est que je n’étais pas tellement terrorisé par l’apocalypse mais par la panique qui accompagne l’effet de sueur froide de croire que mon monde tel que je le sais se termine. Je resterai sans voix et immobile jour après jour pendant des mois d’affilée, pensant que chaque fois que j’ai survécu était un coup de chance : aujourd’hui, la terre est en feu, le ciel tombe vraiment et le soleil va s’assombrir. L’anxiété, pour moi, est la peur qui vient de savoir que mon cerveau est un narrateur peu fiable.