You Can Live Forever Avis critique du film (2023)

Un premier long métrage tendre et compatissant des scénaristes/réalisateurs Mark Slutsky et Sarah Watts, cette dernière ayant grandi gay dans une communauté de Témoins de Jéhovah, « You Can Live Forever » laisse la tension romantique entre ses protagonistes se construire lentement et naturellement, dans des regards volés et petites touches. Alors que Jaime et Marike se tournent autour, à la fois exaltés et angoissés par la compagnie l’un de l’autre, ce film des années 90 s’attarde dans l’incertitude du premier amour et dans l’émerveillement nerveux du désir queer.

Slutsky et Watts sont également intéressés par ce qui se passe après que Marike a suivi une nuit une prière avec un baiser passionné, et une fois qu’elle et Jaime se sont lancés dans une affaire interdite à huis clos (ou à l’intérieur des cabines de salle de bain de cinéma, pour ainsi dire). Que les anciens de la communauté arrêtent la relation est entendu dès le départ. Même la sœur aînée suspecte de Marike (Deragh Campbell) doit être évitée. Mais « You Can Live Forever » trouve sa distillation la plus puissante du conflit entre l’amour et la foi en Marike elle-même, qui croit avec ferveur, comme les autres Témoins, qu’Armageddon est imminent et, contrairement aux autres Témoins, que le « nouveau » système de choses » lui permettra, à elle et à Jaime, d’être ensemble, pour toujours. Et si Jaime ne partage pas ses convictions ? Ensuite, Marike répond: « Je peux en croire assez pour nous deux. »

Considérant la dévotion, qu’elle soit à une personne ou à une puissance supérieure, comme une forme d’endurance née d’une foi aveugle, « You Can Live Forever » se garde de critiquer ses personnages pour leurs convictions honnêtes. Il est empathique même dans la façon dont il traite les figures d’autorité de la communauté, qui sont polies et parfois méchantes mais agissent toujours à partir d’un lieu de foi. Cette approche, à son tour, aiguise les véritables critiques du film : de l’étroitesse d’esprit, des cultures de la peur et de l’isolement, et du danger que l’endoctrinement fait peser sur les jeunes qui développent encore leur sens de soi.

Peu de films ont été tournés sur les Témoins de Jéhovah ; encore moins se sont sérieusement engagés dans la stricte insularité de leur système de croyances, bien que cela ait commencé à changer ces dernières années. « Beginning » de Dea Kulumbegashvili et « Apostasie » de Daniel Kokotajlo ont exploré les conséquences de la soumission patriarcale pour les femmes croyantes. « The Children Act » de Richard Eyre a critiqué son opposition religieuse aux transfusions sanguines. Dans sa manière discrète et sans prétention, « You Can Live Forever » offre une représentation très nuancée de l’appartenance à la secte, sympathisant avec ceux qui sont nés dans la religion, acceptant ceux qui l’ont embrassée comme des adultes et impliquant sa restriction cloîtrée et autoritaire tous les même.

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