One Fine Morning Avis critique du film (2023)

Le travail de Hansen-Løve est sincère mais profond, engageant émotionnellement et mentalement d’une manière que peu de films osent équilibrer. Son dernier travail, « One Fine Morning » n’est pas différent. Sandra (Léa Seydoux) est une veuve élevant sa fille Linn (Camille Leban Martins) et prenant de plus en plus la responsabilité de s’occuper de son père Georg (Pascal Greggory) dont la maladie dégénérative lui enlève l’esprit et l’indépendance à une vitesse alarmante. À cette époque chaotique, elle renoue avec un vieil ami, Clément (Melvil Poupaud), et le couple recommence une liaison intermittente. Entre son travail de traductrice, l’inspection des établissements de soins pour son père, les rendez-vous torrides avec une vieille flamme et la récupération de sa fille à l’école ou aux cours d’escrime, son cœur et son attention se sentent constamment sollicités. En même temps, ses désirs et ses besoins sont repoussés.

Écrit et réalisé par Hansen-Løve, « One Fine Morning » a un calme sentiment de dévastation. Peu importe les efforts qu’elle met dans ses relations, Sandra devra dire au revoir à son père à un moment donné. Sa fille grandit comme tous les enfants et ne reviendra plus un jour en courant pour embrasser sa mère. Le rôle de Clément dans sa vie est presque celui d’une distraction en ces jours affreux. Pourtant, il a ses propres problèmes (à savoir une femme et un enfant) qui l’empêchent d’être là pour Sandra, lui causant des mesures égales de compagnie et de chagrin. Hansen-Løve traite soigneusement ces événements comme des tragédies quotidiennes. Sandra étouffe souvent ses sanglots ou s’excuse lorsqu’elle est dépassée, mais elle doit continuer. Son travail et sa parentalité ne laissent pas beaucoup de place à une panne dramatique. Ses proches comptent sur elle.

Comme Sandra, nous partageons ou avons probablement éprouvé la peur du jour où nos parents mourront ou l’anxiété de nous retrouver seuls à la fin de notre dernière romance. Et comme elle, la vie nous oblige souvent à continuer d’avancer dans notre deuil, que nous soyons prêts ou non. La performance complexe de Seydoux capture ce sentiment de remplir une liste de tâches mentales chargées tout en retenant la frustration et les larmes de la journée lorsqu’elle est seule. Seydoux peut dire au public ce que traverse son personnage en quelques gestes ou regards. Qu’il s’agisse d’écrire et de supprimer des textes qu’elle veut envoyer à Clément ou de fixer un sourire sans enthousiasme pour rendre visite à son père lorsqu’il ne la reconnaît plus, il y a un triste sentiment de beauté et de force dans la performance et la façon dont son personnage navigue dans la prestation de soins pendant deux générations tout en se rendant suffisamment vulnérable pour une éventuelle nouvelle chance amoureuse.

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