No Bears Avis critique du film & résumé du film (2022)

« No Bears » est une image qui correspond à son travail récent – les circonstances ont jugé qu’il fallait que ce soit le cas – mais qui s’en détache d’une manière qui donne un travail de, oui, d’étonnement.

Le film commence par une scène qui semble être du genre de film narratif conventionnel que Panahi n’a jamais vraiment réalisé. Un homme, Bakhtiar (Bakhtiyar Panjeei), convoque sa petite amie, Zara (Mina Kavani) de ses fonctions de serveuse avec de bonnes nouvelles. Il lui a obtenu un passeport – sous un autre nom – et lui a réservé un vol pour Paris. Elle est moins que ravie par la nouvelle et déterminée à quitter le pays ensemble, pas séparément. La scène est tendue jusqu’à ce que l’instruction de couper ne provienne pas du lieu de tournage réel mais d’un homme devant un ordinateur portable.

Cet homme est Panahi. Le réalisateur joue ici une version plus ouvertement romancée de lui-même que dans ses films les plus récents. Dans « No Bears », il a décampé de Téhéran vers le village iranien de Joban, près de la Turquie. Son équipe est de l’autre côté de la frontière turque – Panahi est légalement interdit de quitter l’Iran – et il réalise son nouveau film à distance. Et bientôt il se heurte au problème très prosaïque de la coupure de son Wi-Fi. Il demande une échelle à l’un de ses hôtes, dans une tentative finalement chimérique (du moins pour le moment) de rétablir son signal. Ce villageois l’informe d’une intéressante cérémonie qui se déroule dans le village, prélude au mariage. Panahi sent qu’il doit rester incognito mais est intrigué. il prête une de ses caméras au villageois et lui donne des instructions sur la façon de tirer. Panahi prend alors superficiellement quelques instantanés.

À partir de ce moment, « No Bears » tourne sur des pistes parallèles qui semblent se multiplier alors même qu’un certain sentiment de naufrage s’installe. L’histoire de Bakhtiar et Zara s’avère être une sorte d’expérience pour le réalisateur Panahi, une reconstruction d’un vrai- événement de la vie. Et l’enregistrement de la cérémonie transmise par Panahi ouvre toute une boîte de Pandore dans le village. L’hospitalité perse est légendaire et pratiquement sacro-sainte, mais lors d’une conversation avec certains des anciens de Joban, l’un d’eux dit : « Je me demande, avec tous les beaux villages autour de Téhéran et tout le beau temps, pourquoi voudriez-vous venir ici ? village si proche de la frontière ? Panahi l’artiste vise à dire la vérité, mais il se retrouve pratiquement obligé de tergiverser à chaque tournant.

Son désir d’être un artiste socialement actif finit par faire bien plus de mal que de bien. Plutôt que de servir de lumière dans l’obscurité, le Panahi fictif se transforme davantage en un paria potentiel à chaque mouvement. Cela se traduit par une finale dévastatrice discrète qui sert de réplique à la poussière de fée contemporaine sur la façon dont «les films sont magiques». Dans « No Bears », la création d’images est compulsive et, à toutes fins pratiques, une malédiction.

Maintenant à l’affiche dans les salles.

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