Driving Madeleine Avis critique du film (2024)
Il reçoit un appel lui annonçant qu’il peut bénéficier d’un tarif particulièrement avantageux, qui lui permettra de traverser Paris et d’en revenir. Il lui est demandé d’allumer son compteur lorsqu’il va chercher le tarif. Le tarif est le titre Madeleine, interprété par Line Renaud, une chanteuse nonagénaire dont les aventures dans le showbiz incluent un passage dans la sitcom américaine « Silver Spoons », croyez-le ou non. Madeleine quitte sa maison de longue date pour un établissement de soins assistés – « Un os se brise et toute la machine se met en marche », observe-t-elle – et veut faire un long chemin pour y arriver. Le spectateur pourrait donc s’attacher à quelques leçons de vie.
« Au volant de Madeleine » leur sert certes, mais le film, écrit et réalisé par Christian Carion, est bien plus qu’un voyage sentimental. Carrion est surtout connu aux États-Unis pour son film « Joyeux Noel » de 2005, basé sur un récit réel d’une trêve de Noël de 1914 entre les soldats allemands, français et britanniques pendant la Première Guerre mondiale.ème l’histoire du siècle est appliquée ici avec ingéniosité. Alors que Charles laisse à contrecœur la vieille femme commencer à se remémorer ses souvenirs, nous comprenons qu’elle doit d’une manière ou d’une autre ouvrir les oreilles de cet homme. Elle sait qu’il a beaucoup de choses en tête et qu’il est mécontent de quoi que ce soit. «La colère vieillit», conseille-t-elle. « Mais c’est partout maintenant », dit Charles, se détendant un peu.
Lors d’un de leurs premiers détours, à Vincennes, elle constate qu’il ne reste plus rien de ce dont elle se souvient du quartier. Mais à travers ses mots, elle évoque des lieux et des sensations vives. Les flashbacks, peu éclairés et évocateurs, commencent à l’époque de la Seconde Guerre mondiale et à la liaison de la jeune Madeleine avec un soldat américain, qui donne naissance à un fils illégitime.
Madeleine est agréable et gentille mais comme le démontrent ses récits, elle n’était pas impuissante. Elle épouse un fou lubrique, Ray, qui en veut à l’enfant et commence à s’attaquer à sa pathologie à la fois à Madeleine et à l’enfant. « À cette époque, on ne pouvait pas divorcer en raison de violences conjugales », se souvient-elle. La jeune Madeleine, bien interprétée par Alice Isaaz, est obligée d’aller à l’extrême pour faire face à la situation, et il y a des conséquences. Alors que la caméra de Carion reconnaît les monuments parisiens contemporains – mais pas d’une manière touristique, heureusement – le scénario du film se déroule en mai 68 et au Vietnam, entre autres événements déterminants, et ce, sans trop insister.
Dans le monde d’aujourd’hui, Madeleine utilise une stratégie astucieuse pour éviter une infraction au code de la route qui pourrait coûter son gagne-pain à Charles. Leur amitié, improbable par définition, s’épanouit dans la mesure où Charles, en difficulté, refuse même d’insister pour être payé son lourd tarif immédiatement après la fin du trajet. Préparer le film pour une coda qui n’est pas imprévisible mais tout à fait appropriée et satisfaisante.