Diary of a Country Priest Avis critique du film (2023)

Robert Bresson ne fait rien de façon superficielle pour plaire à son public. Les récompenses de ses films se déroulent lentement à partir de leurs histoires et transpercent profondément. Il est très sérieux au sujet de la nature humaine et de l’indifférence du monde. Ce n’est pas un catholique mais un agnostique qui apprécie toute consolation que ses personnages peuvent trouver, dans ou hors de la foi.

Sa stratégie visuelle ne décompose pas les scènes en éléments de narration faciles, mais les considère comme des faits inflexibles. Dans ce film, il ouvre et ferme de nombreux passages avec des plans d’iris à l’ancienne, reproduisant l’acte d’ouvrir les yeux sur le monde, de voir sa réalité, et de les refermer. Il y a beaucoup de musique de fond, certaines vaguement spirituelles, d’autres doucereuses, toutes plus ironiques que consolantes. Le regard semble sombre et déprimant au premier abord, mais ses films ne vivent pas dans l’instant mais dans toute leur longueur, et pendant la dernière heure j’étais plus envoûté que lors d’un thriller. Bresson ne fait rien pour me faire « aimer » le curé, mais mon empathie s’en est urgemment mise en cause.

Bresson (1901-1999) est l’une des grandes figures du cinéma français. En 50 ans, il n’a réalisé que 13 longs métrages. J’ai vu le dernier, « L’Argent », au Festival de Cannes 1983, et je me souviens que la projection de presse était différente de celle de la plupart des réalisateurs ; vous auriez pensé que les critiques étaient à l’église. Il est ironique que ses films soient plus profondément spirituels que, à mon avis, n’importe qui d’autre. Il ne croyait pas, mais il respectait la croyance et l’espoir.

Pas pour ses personnages les consolations d’intrigues bien rangées et de conversations vives. Ils sont confrontés au dilemme existentiel : à quoi sert la vie quand sa destination est la mort ? Dans « Le journal d’un curé de campagne », le jeune héros accueille favorablement les conseils qu’il reçoit du médecin local et du vieux curé d’une paroisse voisine. Le médecin l’examine, constate que tous les habitants du quartier ont été affaiblis par l’alcoolisme de leurs parents, l’avertit qu’il est sous-alimenté, l’admoneste, « affronte-le ! Le prêtre (comme seul un prêtre français pourrait le faire) attribue certains de ses problèmes au fait qu’il ne boit pas de meilleur vin. Les conseils du prêtre sont bienveillants, pratiques, impliqués dans la gestion d’une paroisse. Il traite le jeune homme comme un fils. Nous sentons qu’il est un bon vieillard et un bon prêtre, mais méfiant de la dévotion portée à des extrêmes dangereux.

La star de ce film, Claude Laydu, est à peine vue en train de jouer. Dans la vie, il était assez vivant et animait en effet une émission de télévision pour enfants. Bresson avait une théorie célèbre selon laquelle les acteurs étaient des « modèles ». Il ne les obligeait pas à agir, et répétait en effet un coup maintes et maintes fois pour supprimer les signes visibles d' »action ». Le scénario, la stratégie visuelle et le montage engloberaient son histoire. L’acteur ne doit pas paraître trop proactif car son personnage n’est après tout qu’une figure poussée ici et là par la vie et le destin. Cela ressemble à une discipline artistique sévère, mais le résultat peut être purifiant. Après avoir émergé d’un de ses films, vous pouvez parfois voir un film conventionnel agir comme un imbécile : les personnages croient en fait qu’ils peuvent influencer le résultat !

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