[Critique] Ninja Turtles

Ninja Turtles 2014

Le reboot des Tortues Ninjas ne partait pas avec les meilleurs atouts. Les rumeurs indiquaient que Jonathan Liebesman (le réalisateur) changeait complètement l’origine des Tortues au profit d’une nature extra-terrestre avant de se rétracter, Michael Bay (ici à la production) aurait été très déçu du dernier tiers du film et aurait réécrit et re-shooté toute cette partie. Jusqu’au jour où les premières bandes-annonces sont apparues, laissant présager beaucoup d’espoir quant au traitement final du film. Après un premier week-end explosif au box-office (battant les Gardiens de la Galaxie), le film arrive sur nos contrées. Un résultat qui aura de quoi refroidir malheureusement les plus optimistes… 

L’un des principaux soucis du film, reste sa construction. On se retrouve avec la structure même du film super-héroïque standard, avec ses mêmes ficelles, ses mêmes faux-rebondissements. Pour éviter de faire trop cliché, le film emprunte plusieurs ficelles narratives telle que l’introduction à la Transformers. Là où la dimension extra-terrestre et le bagage qui en découle pouvait en amener une justification intéressante, elle se trouve assez inappropriée pour le film. Le film n’emprunte pas seulement à Transformers, mais aussi à Star Wars épisode IV ou The Amazing Spider-Man dans le plan du vilain.

Le film comporte aussi de nombreuses incohérences scénaristiques. Au delà de la zone montagneuse à 30 minutes de New-York, c’est aussi plein de petits détails qui nuisent au film : pourquoi vouloir injecter un mutagène à quelqu’un qui le possède déjà en lui? Une partie des dialogues ne font pas du tout naturels. A croire que les scénaristes ne savent que s’exprimer à l’écrit et n’ont jamais eu de véritable conversion vocale avec des individus depuis les années 80.

La gestion des personnages est aussi complètement à revoir. Au delà d’une mise en avant trop importante d’April O’Neil (il suffit de voir son implication dans le combat final), que les scénaristes ont tenté de justifier par une implication sans réelle crédibilité, c’est surtout la gestion d’équipe qui est particulièrement ratée. Là où les Tortues Ninjas sont censées représenter une équipe avec 4 individualités qui se complètent, justifiant que tous les personnages soient mis en avant, Raphaël prend ici tout le devant de la scène. Tous les plans d’iconisation des Tortues se font sur lui. Il est presque aussi présent à l’écran que les trois autres réunis et cette mise-en-avant ne fait que nous questionner sur le fait qu’il ne soit pas Leader de l’équipe. Léonardo est le personnage le plus en retrait, là où son rôle dans l’équipe devrait le mettre légèrement plus en avant. Preuve en est avec le discours final de Raphaël. A l’exception de la dernière phrase, tout le reste est une phrase de chef, et non celle d’un rebelle.

Tout le monde sait que le méchant est une constante très importante dans le film super-héroïque. Il se doit d’être charismatique pour pouvoir mettre en avant les talents des héros. Ici le vilain central n’a aucun charisme. La faute à un visage invisible l’essentiel du temps et des motivations tellements lambda qu’il n’arrive à rien dégagé. La mise-à-jour de l’armure n’est pas justifiée scénaristiquement. Si encore un des combat avait mis en doute les talents du vilain, elle aurait eu un intérêt pour encore plus accentuer sa puissance, mais la supériorité du vilain est tellement écrasante qu’elle ne donne pas vraiment de challenge atteignable par l’équipe.

Ninja Turtles 2014

Il faut aussi reconnaître un gros point faible au film, ce sont ses scènes d’actions. Sur quatre scènes, les deux premières sont dans un milieu tellement sombre que l’on distingue très difficilement ce qu’il se déroule à l’écran. C’est d’autant plus gênant pour des scènes entièrement composées d’effets spéciaux où, justement, les effets de luminosité aurait pu être bien plus travaillée pour que l’on puisse comprendre et appréhender les chorégraphies. Le combat final est lui aussi très pauvre et trop rapidement expédié. C’est dommage puisque le combat dans les montagnes est suffisamment long, intelligent dans son déroulement et surtout bien filmé. Le tout est parfaitement lisible et met en avant une réalisation très dynamique qui parvient (enfin) à nous impliquer dans le film. Puisque l’on parle de chose à moitié réussies, il est temps de parler de l’humour. Il se veut omniprésent (grâce à Michaelangelo), mais fait mouche la moitié du temps. Des blagues parfois réellement efficaces, et d’autres bident complètement. 

Les placements de produits sont une constante chez Michael Bay et sa production n’échappe pas à la règle. Si il sont moins nombreux que dans Transformers : L’Âge de l’extinction, ils restent tout de même bien présents. Si le placement de produit est intelligent lorsqu’il est discret, il est tellement gros dans ce film qu’il à tendance à faire l’effet contraire, nous donner la sensation de nous abrutir. Et si certains s’intègrent de manière assez logique dans le film (comme Skype, ou Toshiba) d’autres font véritablement forcé. Pas seulement avec l’annonce en grand de « Projet Almanach », la prochaine production de Michael Bay, mais surtout avec Victoria’s Secret, qui se retrouve dans une scène n’ayant d’intérêt QUE le placement de produit. C’est d’autant plus flagrant qu’il s’agit de la toute dernière scène du film et qu’elle ne s’imbrique pas dans le reste du film.

Au niveau de la cohérence par rapport aux comics, il faut reconnaître que ce n’est pas non plus la joie. Si certains choix s’écartent du support original, ils n’en restent pas moins cohérents avec le monde actuel et plus crédibles. Mais là où le bât blesse, c’est l’absence de deux noms : celui d’Oroku Saki et Hamato Yoshi. Si l’un n’est pas donné pour des raisons assez étranges, c’est surtout l’absence complète du second qui empêchera les fans d’adhérer à l’origine de l’apprentissage des arts-martiaux par les Tortues, dont la taille de 2 mètres est en contradiction avec le 1m50 du comics. Pas d’easter-eggs, au profit de ces fameux placements de produits, le film reste très pauvre en références, empêchant le fan d’accrocher à cette nouvelle vision.

Mais le pire dans tout cela, c’est que l’on se dit que le film aurait pu être bien plus mauvais qu’il ne l’est. Il arrive à offrir quelques moments réellement sympathiques, une scène d’action efficace et surtout de très bons effets spéciaux. Les tortues ont un design propre et facilement identifiable, qui ne fait jamais tâche dans l’ensemble visuel du film.

Ninja Turtles 2014

Ninja Turtles est une déception. Scènes d’actions pas forcément lisibles, histoire bien trop classique, humour pas toujours efficace, le film avait pourtant plusieurs atouts dans sa manche pour être un véritable outsider cette année. Dommage.

Note:

Note-4-10

Ninja Turtles 2014

Ninja Turtles

Réalisé par Jonathan Liebesman

Avec Megan Fox, Will Arnett, William Fichtner, Alan Ritchson …

Date de Sortie: 15 Octobre 2014

Genre: Action, Aventure

Synopsis: Tenez-vous prêts : quatre héros de légende vont bientôt faire parler d’eux à New York…

Leonardo, le leader, Michelangelo, le beau gosse, Raphael, le rebelle et Donatello, le cerveau, vont tout faire pour défendre la ville de New York, prise entre les griffes de Shredder. Entre deux dégustations de pizzas (sans anchois, bien sûr) et un entraînement intense aux arts martiaux, prodigué par leur maître Splinter, ils vont accomplir leur destin, aidés par la courageuse reporter, April O’Neil.

Publications similaires