[Critique] La Mémoire dans la Peau

Au fond, on comprend plutôt bien pourquoi la saga James Bond a repris subitement en 2006, entre le deuxième et le troisième épisode de la trilogie Jason Bourne, avec un nouvel acteur et un ton moderne et plus réaliste sans une multitude de gadgets à gogo, car il avait trouvé un sérieux concurrent dans le monde des agents secrets en la personne de Matt Damon alias Jason Bourne, alias le héros de La Mémoire Dans La Peau qui précédera deux suites, La Mort Dans La Peau et La Vengeance Dans La Peau (qui ont obtenu encore plus de succès et de bonnes critiques que ce premier opus) et bientôt un quatrième film qui semble pouvoir se mettre en dehors de la trilogie initiale, un héros qui pourtant s’éloigne considérablement de James Bond de par son état de départ.

En effet, si tout ce que j’ai dit là sur un rapport entre la trilogie Jason Bourne et le relancement (réussi) de James Bond avec Daniel Craig quelques années plus tard n’est qu’odieuses spéculations venant de ma personne, on ne peut pas dire que La Mémoire dans la Peau n’a pas été un grand vent d’air frais dans le film d’espionnage, Matt Damon ne campant pas ici l’habituel gars viril aux bons services de sa majesté mais un personnage que les scénaristes (en s’inspirant de livre de Robert Ludlum) ont eu la très bonne idée de rendre amnésique, au début du film chavirant seul en pleine mer et retrouvé par des pêcheurs…

Et c’est à partir de ce moment qu’on se rend compte que La Mémoire Dans La Peau est un très bon thriller d’action en partie pour son scénario, qui sait ménager l’attente du spectateur et arrive à véritablement l’entraîner dans l’histoire : on le remarque notamment dans la mise en place des scènes d’action, qui nous fait découvrir aussi une des grandes qualités du film, qui est bien entendu les chorégraphies des scènes d’action, le film ayant presque été considéré comme une véritable avancée dans la manière de filmer celle-ci ; la caméra est en effet très énergique, et même dix ans plus tard où le spectateur est (trop ?) habitué à des caméras atteint de la maladie de Parkinson, les scènes d’action sont tout aussi bougeante, toniques, rythmées et pourtant très ergonomiques (une direction de caméra encore plus exploitée dans les deux autres volets sous l’aile de Paul Greengrass). Et si ce côté action est finalement une des rares choses qui lie Jason Bourne à James Bond à part le genre particulier auquel ils appartiennent, ce n’est pas le protagoniste incarné par Matt Damon qui va les rapprocher.

Loin de la virilité qui accompagne un pourcentage de 101 % des aventures de l’espion au nom si connu, Matt Damon utilise une autre sorte de charisme : de même, il n’est pas envoyé ici dans une mission avec tous les gadgets possibles, mais il découvre le scénario en même temps que nous et cherche plutôt à se débarrasser de son rôle d’agent secret que plutôt d’obéir à ceux qui ont fait de lui ce qu’il est au début du film, c’est-à-dire un amnésique qui se découvre étonnamment fort en combat, ce qui va beaucoup lui servir puisque beaucoup de gens souhaitent apperamment le tuer. On a donc un Matt Damon toujours en forme et qui prouvait décidément à chacun de ses films qu’il pouvait étendre considérablement les genres dans lesquels il évolue, avec toujours une présence agréable et une interprétation réussie, et tiens, pour finir la comparaison avec James Bond, on a aussi droit à une petite amourette entre Jason Bourne et une certaine Marie, qui se retrouve un peu contre son gré dans la course-poursuite, le tandem marche en général plutôt bien, et cette demoiselle au besoin, quelques fois un peu stéréotypées, reste bien interprétée et pas désagréable pour un sou.

Le casting, trié à la sélecte, nous dévoile une palette de talents comme Chris Cooper (American Beauty), la belle allemande Franka Potente (la révélation de Cours Lola cours), le vétéran Brian Cox ou encore Clive Owen dans son premier rôle marquant. Le long-métrage est donc une excellente adaptation du roman de Ludlum mais aussi une franche réussite nerveuse, agréable et indéniablement attractive. Aujourd’hui encore, La mémoire dans la peau reste une référence en matière de films d’espionnage et un spectacle passionnant bourré d’action.

Le premier volet de la trilogie Jason Bourne est, pour le moins, très efficace. Un scénario bien écrit, une interprétation sans faille de Matt Damon, des scènes d’action et de courses-poursuites très bien rythmées et une réalisation convenable font de cette Mémoire dans la peau un très bon film d’action. Ce premier opus nous révéle certaines choses sur le passé de Jason Bourne mais laisse, bien évidemment, les questions les plus cruciales en suspens pour garder le suspense intact jusqu’au troisième opus.

Note :


La Mémoire dans la Peau
Réalisé par Doug Liman
Avec Matt Damon, Franka Potente, Chris Cooper, Brian Cox, Clive Owen,…

Date de Sortie: 25 Septembre 2002
Genre: Thriller, Action

Synopsis: Sur la côte adriatique, un petit bateau de pêche repère le corps inanimé d’un homme ballotté par les flots. Des marins s’empressent de le repêcher. Portant des traces de balles dans le dos, cet homme à l’identité inconnue a miraculeusement survécu, mais il ne se souvient plus de rien. Même pas de son nom. Et encore moins des raisons pour lesquelles on a tenté de le tuer.
Toutefois, un indice subsiste : de sa hanche est extraite une petite capsule holographique indiquant un numéro de compte à Zurich. L’inconnu se rend alors dans une banque suisse afin de faire la lumière sur son identité. Une fois sur place, il découvre dans un coffre-fort une malette contenant plusieurs milliers de dollars, un pistolet, un passeport au nom de Jason Bourne et six autres documents d’identité de diverses nationalités. Ce dernier s’aperçoit bientôt qu’il est suivi à la trace par une mystérieuse organisation.

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