[Critique] Inherent Vice

Après son intriguant « The Master » sorti il y a maintenant deux ans, Paul Thomas Anderson revient avec l’adaptation d’un livre de Thomas Pynchon réputé inadaptable : Inherent Vice. Au programme, de la drogue, des gens morts mais pas trop, de belles filles, et des hippies.

Il faut que je vous avoue quelque chose avant de vraiment commencer la critique : je n’ai pas tout compris à Inherent Vice. Pas parce qu’il y a beaucoup de personnages (même s’il y en a au moins quinze qui sont vraiment importants), mais parce que constamment, Paul Thomas Anderson rebat les cartes de ses enquêtes et arrive à nous perdre dans une intrigue sinueuse qui conduit pourtant au même personnage.

Il sera du coup bien difficile de décrire l’intrigue du film en quelques mots ; contentons-nous de dire que lorsque l’ex du détective Doc Sportello revient dans sa vie, c’est pour lui demander de déjouer un complot contre son amant, riche homme d’affaires que sa chère épouse veut envoyer en hôpital psychiatrique. De là commence une enquête enfumée par les kilos de marijuana et de cocaïne que Doc prend, le faisant du coup passer pour un idiot aux yeux de tous. Une faiblesse dont beaucoup de personnages vont profiter.

Si le fond est parfois… fumeux, visuellement, « Inherent Vice » est tout simplement splendide. Anderson nous plonge dans l’Amérique toute juste entrée dans les seventies, et sa reconstitution est impressionnante. Costumes, décors et chevelures sont au diapason. On est imprégnés de cette ambiance de folie douce, teintée de mélancolie et de tristesse. Le tout est renforcé par une bande-originale signée Jonny Greenwood de Radiohead, déjà à l’œuvre sur celle de The Master. Les morceaux additionnels sont également choisis avec soin, et les fans de Neil Young seront heureux.

Le casting est également parfait : du premier au dernier rôle, chacun a parfaitement compris l’ambiance d’Inherent Vice et offrent des performances décalées, à l’image d’un Joaquin Phoenix en grande forme, très bien entouré par Josh Brolin, Benicio Del Toro, Owen Wilson, Jena Malone… Et la révélation du film, est la superbe Katherine Waterston en femme fatale.

Dommage donc qu’Inherent Vice se perde un peu en chemin. Avec quelques minutes en moins et une meilleure compréhension du film, le nouveau Paul Thomas Anderson aurait été l’un de ses meilleurs films. Si la déception n’est pas vraiment au rendez-vous vue la tâche complexe à laquelle il s’est attaqué, on en sort malgré tout en ayant l’impression d’avoir, tel ce bon vieux Doc, fumé un énorme joint. Si c’était l’objectif, alors, mission accomplie.

Un film sublime et enivrant mais plombé par la complexité parfois inutile de son intrigue.

Note :


 

Inherent Vice
Réalisé par Paul Thomas Anderson
Avec Joaquin Phoenix, Josh Brolin, Owen Wilson, Katherine Waterston, Reese Witherspoon, Benicio Del Toro, Jena Malone, Maya Rudolph, Martin Short, Eric Roberts,…

Date de Sortie : 4 Mars 2015
Genre: Comédie, Policier, Drame

Synopsis: L’ex-petite amie du détective privé Doc Sportello surgit un beau jour, en lui racontant qu’elle est tombée amoureuse d’un promoteur immobilier milliardaire : elle craint que l’épouse de ce dernier et son amant ne conspirent tous les deux pour faire interner le milliardaire… Mais ce n’est pas si simple…
C’est la toute fin des psychédéliques années 60, et la paranoïa règne en maître. Doc sait bien que, tout comme « trip » ou « démentiel », « amour » est l’un de ces mots galvaudés à force d’être utilisés – sauf que celui-là n’attire que les ennuis.

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