[Critique] Godzilla

Dire que le « Godzilla » de l’un des nouveaux prodiges d’Hollywood était attendu est un doux euphémisme. Grâce à une promotion réussie, des visuels somptueux et une équipe alléchante, lentement mais sûrement, l’attente grandissait après avoir subi il y a plus de dix ans l’affreux film de Roland Emmerich. D’emblée, on comprend pourquoi la Warner a choisi Gareth Edwards pour faire renaître le Roi des Monstres au cinéma. Son premier film, « Monsters », montrait l’étendue de son talent de conteur, avec un script où l’émotion l’emportait sur le spectaculaire avec un goût du mystère fort réussi. Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est la même chose sur Godzilla, puisque l’arrivée de notre jolie bêbête prend son temps, peut-être même un peu trop, mais on y reviendra.

Le script est somme toute classique : une banale histoire de conspiration et de « On ne nous dit pas tout », suivie de l’arrivée de Godzilla et d’autres bestioles géantes destinées à se battre en réduisant plusieurs villes en miettes. Cependant, on pourra regretter que la dimension paranoïaque, amenée dès la promo et sublimée par le superbe générique d’introduction, ne serve pas plus que ça à Godzilla, ici relayé au rang de créature dangereuse mais finalement très en retrait. Le monstre est magnifique, et son cri apporte son lot de frissons, mais il est dommage de s’être focalisé davantage sur l’autre monstre, même s’il est tout aussi bien fait et que les rares affrontements entre lui et Godzilla sont spectaculaires. On dit « rares » car le film a la fâcheuse habitude de couper les combats au moment même où ils commencent. Ou comment créer une frustration certes compréhensible au début, mais qui finit par agacer.

Certes, l’intention d’Edwards est noble : vouloir suivre les évènements d’un point de vue humain, à travers le regard des soldats et des civils (beaucoup de plans filmés derrière des vitres, et une forte utilisation de la caméra à l’épaule notamment). Néanmoins, on aurait aimé que ces humains aient plus d’épaisseur. Car excepté Bryan Cranston, aucun acteur ne brille réellement dans le film, que ce soit Aaron Taylor-Johnson ou même Elisabeth Olsen, cruellement sous-employée. Les seconds rôles sont également transparents, et malgré leur talent, Ken Watanabe ou Sally Hawkins ne peuvent pas être grand-chose sinon effrayés par ce qui se passe sous leurs yeux. Et c’est lorsque les personnages se taisent que l’émotion apparaît, et qu’en une poignée de plans, Edwards cerne le mieux ses personnages et leurs sentiments.

Passées ces réserves sur le scénario et les personnages, autant le dire, le reste est impeccable. On l’a dit mais la réalisation de Gareth Edwards, à la fois immersive et spectaculaire, fait des merveilles. Les effets spéciaux sont réussis, tant pour Godzilla que pour l’autre monstre, et il fallait un travail considérable compte tenu de la proportion des monstres et de leur facilité à casser un building en deux mouvements. Le réalisateur l’assume : le film est une lettre d’amour au cinéma de Spielberg, et les références, des Dents de la Mer en passant par Jurassic Park, sont parfaitement assimilées. La musique d’Alexandre Desplat, pourtant peu à l’aise sur ce type de productions en temps normal, est ici très efficace, avec un thème marquant. Enfin, il faut noter que le film recèle d’easter-eggs plus ou moins évidents à trouver. A vous de jouer.

On attendait beaucoup de Godzilla, c’est au final une petite déception compensée par l’efficacité redoutable de la mise en scène de Gareth Edwards qui s’impose définitivement comme l’un des réalisateurs à suivre.

Note :


 

Godzilla
Réalisé par Gareth Edwards
Avec Bryan Cranston, Aaron Johnson-Taylor, Ken Watanabe, Elizabeth Olsen, Juliette Binoche, Sally Hawkins, David Strathairn,…

Date de Sortie: 14 mai 2014
Genre: Science-Fiction, Action, Aventure

Synopsis: Godzilla tente de rétablir la paix sur Terre, tandis que les forces de la nature se déchaînent et que l’humanité semble impuissante…

Publications similaires