[Critique] Big Eyes

Plus de deux ans après la sortie de Frankenweenie, chez Disney, Tim Burton revient cette année avec un biopic. Dans Big Eyes, il raconte l’histoire du couple Keane et de leurs peintures d’enfants aux grands yeux. Et contrairement aux tableaux, le film est plutôt réussi.

C’est un mélodrame, une histoire d’amour qui nous le savons finira mal. Après tout, c’est déjà écrit dans l’Histoire. Margaret Ulbrich, interprétée par la douce Amy Adams, est une femme de banlieue, elle est mariée et a une fille, Jane. Un jour, elle décide de partir, n’emportant avec elle que son enfant, un tableau et une valise pour la Californie.

Dans les années 60, il est encore difficile pour une femme de vivre seule et de s’émanciper totalement. Burton nous le montre bien, et c’est avec l’arrivée du très charmant Walter Keane, sous l’apparence du loufoque Christoph Waltz, que nous voyons Margaret redevenir une épouse. Leur histoire d’amour est idyllique, ils se passionnent tous les deux pour la peinture et veulent vivre de leur art.

Jusqu’à ce qu’ils s’enferment dans un mensonge : Margaret peint, et Walter vend sous son nom. Le duo est intéressant, car chacun ont une personnalité différente : lui est charmeur, manipulateur, tandis qu’elle est douce et naïve, comme elle le dit. Adams et Waltz font deux très bonnes têtes d’affiche, ils rendent le film vivant et nous font entrer dans ce couple aux allures parfaites et qui va pourtant virer au cauchemar, comme le réalisateur sait si bien le faire.

Dans ce film, point de Johnny Depp ou d’Helena Bonham Carter, mais nous retrouvons toujours Danny Elfman. Il signe ici une musique très sympathique, accompagnée par un morceau de Lana Del Rey qui correspond tout à fait au style du film.

L’intérêt de Big Eyes est dans ses thématiques différentes, il y a tout d’abord une vraie réflexion sur l’art et tout le commerce qui y est fait autour. C’est ce qui rapproche et éloigne à la fois Walter et Margaret l’un de l’autre. L’autre sujet est le couple, comme il l’a été dit précédemment. Art ou amour, tout est mis en avant par des personnages secondaires peu présents (Krysten Ritter, Terence Stamp, Jason Schwartzman ) mais qui tous donnent leurs avis sur la question. Ils nous permettent de réfléchir, de nous éloigner des deux protagonistes. En plus d’être de bons acteurs, aux rôles mineurs certes, ils ont tous des propos intéressants : l’art qui se vend finit-il par manquer d’émotion ? Quelques notions de féminisme aussi.

Mais la fin est expédiée, passe trop rapidement à une conclusion sur cette affaire de peinture. C’est drôle, parce que de nombreuses scènes durant le film le sont, à défaut d’émouvoir à un moment. C’est ce que nous pouvons reprocher à Big Eyes…

Ce qui est sûr, c’est que le film est sûrement l’un des plus sobres de la carrière extravagante de Tim Burton, connu pour ses spirales et ses monstres, mais nous retrouvons tout de même son style dans une bonne réalisation : la banlieue parfaite, des couleurs explosives, des jeux de lumière qui parfois nous rapprochent du cauchemar. Ce que nous ressentons devant Big Eyes, c’est également à quel point le film peut sembler très personnel pour le réalisateur, on ne peut s’empêcher de penser que ce fut une exercice qui lui permit de penser à toute son œuvre.

En soit Big Eyes est un bon film avec de bons acteurs, mais il n’arrive pas à fasciner autant que les autres films de Burton.

Note :


 

Big Eyes
Réalisé par Tim Burton
Avec Amy Adams, Christoph Waltz, Danny Huston,…

Date de Sortie: 18 mars 2015
Genre: Biopic, Drame

Synopsis: Big Eyes raconte la scandaleuse histoire vraie de l’une des plus grandes impostures de l’histoire de l’art. À la fin des années 50 et au début des années 60, le peintre Walter Keane a connu un succès phénoménal et révolutionné le commerce de l’art grâce à ses énigmatiques tableaux représentant des enfants malheureux aux yeux immenses. La surprenante et choquante vérité a cependant fini par éclater : ces toiles n’avaient pas été peintes par Walter mais par sa femme, Margaret. L’extraordinaire mensonge des Keane a réussi à duper le monde entier. Le film se concentre sur l’éveil artistique de Margaret, le succès phénoménal de ses tableaux et sa relation tumultueuse avec son mari, qui a connu la gloire en s’attribuant tout le mérite de son travail.

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