Bright Wall/Dark Room January 2022: Place Cliché by Nathaniel Missildine | Features

Comment avez-vous Titane et La dépêche française parviennent à exister la même année, et encore moins à avoir lieu soi-disant dans le même pays ? L’univers moteur et sanguin de Titane ressemble presque à une réponse à Anderson. On peut imaginer Ducournau juste hors cadre dans l’image fortement mémé d’Anderson et de trois de ses stars sur le tapis rouge de Cannes, ses yeux se plissant alors qu’elle marmonne pour elle-même: « Alors tu penses que la France est fantaisiste? »

En fin de compte, toute cette entreprise n’a peut-être rien à voir avec la France. Ce film parle directement Le new yorker magazine, dont la typographie rougit. Les crédits citent le réel New yorkais écrivains et éditeurs qui ont servi d’inspirations. Il suffisait au magazine de nommer sans vergogne le film le meilleur de l’année, et à son rédacteur en chef actuel, David Remnick, d’accueillir des membres de la distribution lisant des pièces passées, une sorte d’adorable annexe audio au film. Essayant de rester neutre, Anthony Lane dans sa critique a proposé que l’esprit esthétique le plus proche que Wes Anderson ait à Le new yorker est le dessinateur Saul Steinberg. En effet, de toutes les cartes illustrées qui sont apparues dans les films d’Anderson au fil des ans, l’une d’elles devait être une vue au crayon de couleur sur les continents depuis une 9e avenue démesurée.

Seulement, dans ce cas, Anderson a renversé la perspective. Ces missives ont été envoyées de loin quartiers retour dans les plaines américaines. Pour toute la bizarrerie francophile exotique, c’est une vision du monde du Kansas.

3.

Owen Wilson rend compte sur son vélo à la hâte. C’est un peu le seul personnage en béret, autant la résistance française que le club français de la prépa Rushmore. Les détails glorieusement travaillés d’Ennui-sur-Blasé défilent, chaque plan complexe et pictural nécessitant une étude beaucoup plus longue. Le film peut donner l’impression que nous sommes chronométrés sur une course à travers un musée de chefs-d’œuvre, comme la scène de Godard Bande à part où les personnages courent pour battre le record d’un touriste américain à travers le Louvre.

Ce rythme se poursuit avec une urgence qui laisse rarement s’attarder notre regard. Au fil des épisodes, le film ne pousse pas la ligne de force du bureau de l’éditeur, et il ne fait pas le travail de cohésion pour nous. Certains téléspectateurs, anticipant le meilleur Wes Anderson de tous les temps, ont exprimé leur inquiétude.

Le film conserve sa densité disjointe, faisant la navette entre les rapports d’aspect et entre la présence et l’absence de couleur. Les façades de la production se déplacent sous nos yeux, passant du vrai au faux et inversement. Le récit zoome, comme d’habitude Anderson, dans et hors des dispositifs de cadrage, du récit de l’histoire à l’histoire elle-même.

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