Blue Jean Avis critique du film & résumé du film (2023)
Avec son premier long métrage, la réalisatrice Oakley utilise une quantité incroyable de détails pour donner vie aux personnages qu’elle a écrits et les efforts minutieux pour coder par couleur ses décors, costumes et éclairages pour obtenir le ton émotionnel et les nuances des pastels des années 80. Son style rappelle celui d’une autre cinéaste britannique, Joanna Hogg, qui s’efforce également de créer de magnifiques compositions pour son cadre. Outre le bleu, des gris bleus aux bleus profonds saturés, la couleur qui fait la deuxième apparition la plus notable est le rose, comme pour souligner les attentes rigides en matière de genre que la société, ses collègues et ses proches ont pour Jean. Sa collègue et sa sœur beaucoup plus féminines portent des nuances de rose avec aisance, mais Jean est parti dans son monde bleu et ses teintes bleues. Les deux couleurs s’opposent pourtant la photographie de Victor Seguin les intègre parfaitement dans une vision onirique tournée en 16 mm. L’histoire de Jean peut être déchirante, mais le travail technique d’Oakley et de son équipe est impressionnant.
La petite marge de manœuvre dont jouit Jean à l’extérieur de sa maison ne s’étend qu’aux espaces sûrs queer comme le bar lesbien où elle joue au billard et boit avec des amis ou la maison de sa petite amie avec d’autres colocataires lesbiennes. Même dans ce cas, Jean n’a toujours pas l’air tout à fait à l’aise de passer de passer directement au travail à être elle-même, regardant parfois autour d’elle comme si elle avait peur d’être prise. Elle panique à propos de sa petite amie, Viv (Kerrie Hayes), et de son comportement beaucoup plus excentrique et fier. Jean craint de perdre son emploi à l’école s’ils découvrent qu’elle est lesbienne, et le sentiment ne fait que s’intensifier lorsqu’une nouvelle étudiante lesbienne arrive et commence à visiter la boîte de nuit préférée de Jean. Les efforts de Jean pour remettre la jeune fille dans le conformisme se retournent contre elle, l’obligeant à compter avec la dissimulation de son identité.
McEwen donne vie au conflit intérieur complexe de Jean avec chaque regard mesuré et chaque pose soigneusement gardée. Son langage corporel est aussi tendu qu’un fil de déclenchement, prêt à se casser à chaque seconde, ce qui est radicalement différent de l’énergie que Hayes donne à Viv, un punk tatoué et rasé sans vergogne prêt à renvoyer des regards sales avec un flirt. Elle n’est pas du genre à se laisser intimider, mais Jean vit malheureusement dans un état de prudence perpétuel, amenant des problèmes à leur relation.
« Blue Jean » est peut-être une pièce d’époque, mais elle arrive à point nommé alors que les droits LGBTQ régressent au Royaume-Uni et aux États-Unis, avec la rhétorique de « sauver les enfants » une fois de plus militarisée contre la communauté queer. La lutte centrale de Jean pour sortir ou continuer à se cacher pour sauver son travail est un problème sur lequel elle agonise tout au long du film, refusant les invitations à aller au pub avec des collègues et se prémunissant contre toute association avec d’autres lesbiennes. Jean se retire rapidement lorsqu’un tyran tourmente la nouvelle étudiante Lois (Lucy Halliday) ou lorsque Viv l’appelle au travail. « Je sais que cela semble injuste, mais j’essaie de vous aider », insiste Jean lorsqu’il entraîne Lois pour éviter de faire quoi que ce soit qui puisse attirer l’attention. À travers leurs expériences partagées, la portée du film s’élargit, montrant la difficulté de vivre en tant que personne queer lorsque l’homophobie est intériorisée, en personne, dans les nouvelles et pratiquement dans l’air. À un moment donné, Viv confronte avec colère Jean à propos de ses efforts pour expulser Lois du bar lesbien, « Comment cette fille va-t-elle savoir qu’elle a une place dans ce monde? » Et malheureusement, il semble que de plus en plus de personnes soient aujourd’hui obligées de poser une question similaire.