Man of Steel : Critique et avis du film

Man of Steel ou le retour du roi Superman avec le nouveau film de Zack Snyder.

Réalisateur :  Zack Snyder
Acteurs :  Henry Cavill, Amy Adams, Michael Shannon, Diane Lane, Russell Crowe Distribution : Warner Bros. France Durée : 2h20 Genre : Action , Aventure , Fantastique

Date de sortie : 19 Juin 2013

Synopsis : Un petit garçon découvre qu’il possède des pouvoirs surnaturels et qu’il n’est pas né sur Terre. Plus tard, il s’engage dans un périple afin de comprendre d’où il vient et pourquoi il a été envoyé sur notre planète. Mais il devra devenir un héros s’il veut sauver le monde de la destruction totale et incarner l’espoir pour toute l’humanité.

Mon avis

Ce n’est pas parce que l’on est la figure de proue par excellence de tout un mouvement culturelle depuis 75 ans, que le succès est à chaque fois tout bonnement assuré. Et ça, Superman en sait quelque chose. Depuis près de trente ans, les adaptations cinématographiques de celui que l’on considère comme étant le « premier » super-héro n’ont pas réussi à renouveler l’impact des deux premiers volets de Richard Donner (SupermanTheMovie en 1977, et Superman****2 en 1980) dans le cœur des fans et du public. Superman****3 et 4 avaient définitivement enterré l’ère** Christopher Reeves** (l’interprète de Superman dans les quatre premiers films), et au vu du constat assez mitigé et décevant que fût le Superman****Returns de Bryan****Singer et sa surdose de contemplation romantique, l’homme d’acier avait raté son entrée dans le 21ème siècle lors de la sortie du film en 2006. Si on ajoute à cela de nombreuses tentatives de résurrections de la franchise tuées dans l’oeuf (Tim****Burton, McG, J.J. Abrams…) ainsi qu’une bien triste réputation de « super-héro ringard » et de « boy-scout aussi superpuissant que barbant »  adoptée à tort par une bonne partie l’opinion commune, on pourrait vite penser que le cas Superman frôle le désespoir.

Le désespoir n’est toutefois pas une option pour Warner Bros, en mal d’une nouvelle franchise super-héroïque rentable après la fin de la trilogie Dark Knight et l’échec de Green Lantern. Le studio a donc misé tous ses jetons sur ce Man of Steel pour lancer une bonne fois pour toute l’univers DC Comics au cinéma. Et c’est sur les épaules du réalisateur Zack Snyder que repose cette lourde tâche de dépoussiérer le mythe pour un public moderne et blasé, et de sécuriser le futur des productions super-héroïques de la Warner. Man of Steel** se présente comme un reboot qui renie les précédents films, là où Singer gardait une certaine continuité en plus de la constante révérence faite aux films de Donner. Nous repartons donc aux origines même de Superman. Krypton, sa planète d’origine, est d’ailleurs le lieu prisé par la longue séquence d’introduction. Malgré la familiarité des événements, Snyder nous offre d’entrée de jeu des plans d’une richesse visuelle impressionnante. Ces immenses architectures, cette faune et autres éléments de technologie aliens dénotent un univers vaste et méticuleusement élaboré dans lequel on se plaît à en découvrir chaque recoin.

Fraîchement propulsé dans ces contrées « kryptoniennes », on ne se sent néanmoins pas vraiment impliqué par les enjeux dramatiques qui se jouent sous nos yeux. Mais c’est néanmoins la promesse d’un film aux proportions épiques que l’on retient. Et cette promesse est formidablement tenue tout le long de ces deux heures et demi de film. Ce n’est pas une nouveauté, Zack****Snyder est un excellent virtuose de l’image et le travail apporté aux effets visuels est tout juste remarquable. En revanche, le bas blesse concernant son principal choix de mise en scène. L’utilisation de la caméra à l’épaule et la surabondance de crash zoom pour donner à son film un effet documentaire nuit à la visibilité de certaines scènes, et cela devient très vite un vulgaire gimmick. Mais parlons de l’essentiel, car c’est bien l’homme d’acier du titre qui est au centre de ce film. Interprété par un Henry Cavill loin d’être radin en charisme (et en muscles comme la caméra de Snyder aime bien souligner, pour le plaisir de certaines), le personnage de Kal-El/Clark Kent est traité en profondeur. Les ressorts psychologiques du personnage sont mis en avant dans la première partie du film, où notre héros altruiste erre à travers l’Amérique en essayant de trouver un sens à son existence et à sa présence sur Terre. Si l’idée est intéressante et l’initiative plus que louable, l’exécution donne droit à quelques maladresses en terme de structure narrative. Le film distille au fil de son récit plusieurs flashbacks sur l’enfance de Clark Kent, et le rythme du film durant cette première heure en paye le prix fort, malgré un** Kevin Costner** très touchant en Jonathan Kent. Les différents thèmes sont abordés avec maturité et un souci du réalisme, qui n’est pas sans rappeler les premières heures de la trilogie Dark Knight. Le maîtrise de la structure narrative en moins.

Les scènes s’enchaînent parfois de manière un peu bancale, sans réelle cohésion. Et en plus de cette part belle faite à la psychologie du héros, le film essaye en même temps d’instaurer les éléments d’une intrigue, ainsi que quelques personnages secondaires qui du coup se retrouvent peu développés. Si Amy Adams est convaincante en Lois Lane, son rôle ne va pas plus loin que la reporter intrépide qui tombe amoureuse (et qui tombe tout court aussi). Elle est mise sur le devant de la scène à certains moments « clés », mais c’est simplement parce que le scénario le requiert (souvent en dépit de toute cohérence). D’ailleurs sa relation avec Superman manque cruellement d’alchimie. Michael Shannon est comme à son habitude électrisant (Michael Shannon oblige), mais il peine à rendre son Général Zod vraiment marquant, la faute à l’écriture du personnage et aux dialogues.

Mais **Cavill **en Superman s’impose comme une évidence.

L’attention portée sur l’humanisation de Kal-El ne fait pas oublier à Zack****Snyder qu’il est aux commandes d’un gros blockbuster. Loin de là. Ce qu’il nous offre pour honorer la close spectacle de son contrat est tout bonnement incroyable. Je répète (en haussant le ton) : INCROYABLE ! Certains pourront regretter que ce virage action annihile la portée intimiste et plus « profonde » de la première partie, et c’est un sentiment qui est tout à fait compréhensible. Mais le fait est que le résultat est purement jouissif. Les séquences d’actions sont peut-être les plus élaborées qu’il nous ait été donné de voir dans un film de super-héros. Où même dans un film tout court. Le niveau de destruction causé par les affrontements entre « kryptonniens » est purement Snyder a bien fait de s’abstenir de céder à son pêché mignon, à savoir les ralentis. L’action est ici frénétique, haletante et sans temps morts. On ressent chaque coup de poing comme un violent coup de tonnerre, et on ne vous laisse pas le temps de récupérer tant le rythme est tenu. D’ailleurs, cela pourra poser problème à certains fans qui verront le combat Superman vs Zod comme étant anti-Superman au possible. Mais encore une fois, la virtuosité de Snyder prend le dessus sur ce qui aurait pu être des problèmes de consistance dans un film qui prend le partie d’ancrer son action dans un univers « réaliste ».

Malgré toutes ses faiblesses, Man of Steel reste un blockbuster de qualité. On peut critiquer son manque de subtilité (concept que ne maîtrise toujours pas Snyder), une certaine inconsistance, des problèmes de rythme ou des problèmes d’ordre narratif, mais on aurait tort de bouder son plaisir. Dans le constant rapport de force qui se produit entre ce qui tire le film vers le bas et ce qui tire le film vers le haut, les qualités finissent par prendre le dessus car le pari est en grande partie réussi.** Man of Steel** est une œuvre ambitieuse, généreuse mais un peu maladroite, qui néanmoins augure du bon pour la suite.

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