Lost Illusions Avis critique du film & résumé du film (2022)

La section médiane du film – où Lucien se hisse au sommet de sa nouvelle profession, tout comme la voix off nous dit ce que nous voyons et ce que cela signifie – est un beau morceau de cinéma, magistralement géré par Giannoli, avec le directeur de la photographie Christophe Beaucarne et l’éditeur Cyril Nakache. Tout est urgent, excitant, exubérant, la caméra filant dans les rues, à travers les coulisses du théâtre, à travers les bureaux des journaux bruyants. La section ne s’arrête jamais pour respirer et se sent tout d’un morceau, faisant partie du même flux. La voix off explique tout. Il ne suffit pas de savoir que Lucien travaille pour la presse d’opposition. Il faut aussi savoir que la société est lasse après le coup de poing de la Révolution et de Napoléon : ils veulent juste se détendre, gagner de l’argent, s’amuser. Les journaux d’opposition, anti-royalistes, font fureur, et la concurrence est féroce. Nous en apprenons davantage sur le théâtre, et comment les critiques sont payées, comment même les applaudissements (et/ou les sifflements) sont payés. Cela rappelle la voix off de Robert De Niro dans « Casino »: « Voici comment fonctionne ce monde, laissez-moi vous guider à travers. »

Le casting est excellent dans l’ensemble, avec Lacoste et Dolan comme vedettes. Lacoste est parfait en tant qu’homme qui est très amusant quand il vous aime, mais dangereux lorsqu’il est excité comme votre ennemi. Etienne est sans âme, sans cœur, corrompu, mais son sourire suffisant et arrogant rend la corruption attrayante. Xavier Dolan joue principalement dans les films polarisants qu’il a réalisés, il est donc fascinant de le voir donner une performance avec quelqu’un d’autre à la barre. Il est tellement contenu et contrôlé, il connaît son propre pouvoir, il émane une énergie sexuelle ambiguë, ce qui signifie qu’il est extrêmement convaincant à regarder. Voisin a un énorme voyage à faire pour passer du voyou de la campagne au citadin en passant par l’homme ruiné, et il est très efficace et bien casté. Le livre fait grand cas de son apparence – Balzac se réfère à lui comme « un dieu grec », un « code » pas si subtil pour ce qui se passait vraiment. Oscar Wilde, qui considérait Balzac comme l’une de ses principales influences, l’avait compris. Cet aspect de l’histoire n’est pas vraiment présent, bien qu’il soit là dans la façon dont Dolan joue ses scènes, les scintillements de pensées non dites dans ses yeux alors qu’il regarde intensément le visage de Lucien. Dolan est un dragueur, un séducteur, et ses conversations à voix basse avec Lucien ont une sorte de charge sexuelle qui doit être délibérée. Plus aurait pu être fait de tout cela.

La chute de Lucien est tragique mais attendue. La voix off nous a dit que ça allait arriver. Ce qui est inattendu, c’est tout ce qui y conduit. Oui, c’est triste que Lucien soit tombé en ruine, mais Giannoli rend son ascension tellement amusante.

À l’affiche dans certains cinémas.

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