[Critique] The Disappearance of Eleanor Rigby

Netflix est arrivé en France depuis la mi-septembre, et leur premier coup d’éclat est l’arrivée de « St-Vincent », une comédie indé avec Bill Murray, ainsi que celle de « The Disappearance of Eleanor Rigby », projet casse-gueule et première œuvre de Ned Benson, ami de longue date de Jessica Chastain.

Pourquoi « projet casse-gueule » ? Tout simplement parce que si l’histoire est très simple (à savoir un couple détruit par la mort de leur enfant), le dispositif est exceptionnel, puisqu’on se retrouve face à deux films totalement différents, l’un se focalisant sur la femme dans « Her » et l’autre sur l’homme dans « Him ». A titre personnel, j’ai commencé par « Her » : le film répond aux questions que « Him » pose, mais un visionnage de « Him » pour commencer apporte sûrement un mystère bienvenu.

Commençons donc par « Her », le film consacré à l’Eleanor Rigby du titre. Evidemment, impossible de passer à côté de la référence de l’une des plus belles chansons des Beatles. Illuminé par des couleurs chaudes et orangées, « Her » possède une dimension tragique que l’on doit à son actrice principale : Jessica Chastain est parfaite dans le rôle de cette femme voulant recommencer sa vie à zéro. Le thème de « Her » n’est pas tant de savoir tourner la page d’un deuil que de savoir qui l’on veut être. Thème souligné de façon pas très subtile via le cours qu’Eleanor reprend, sur la recherche d’identité, mais ces scènes ont le mérite de créer une petite respiration au milieu d’un récit tendu, à l’image de son héroïne perdue, autant dans sa vie qu’avec son mari qu’elle a subitement abandonné. On reprochera au récit quelques longueurs et scènes superflues, malgré de superbes flash-backs nous montrant sa relation avec Connor.

« Him », quant à lui, bénéficie d’une toute autre approche : des tons plus bleutés et gris, et un récit se focalisant sur un homme, Connor, qui doit prendre un nouveau départ alors que son restaurant fait faillite et que sa femme a disparu sans explication. James McAvoy est tout aussi excellent que Jessica Chastain dans le rôle d’un homme complètement perdu. Lui aussi doit renouer avec son père et tout remettre en question. On pourra regretter qu’il n’y ait pas autant de flash-backs que dans la partie « Her », mais l’ensemble reste de qualité malgré les quelques clichés de la bande de potes présente autour de Connor.

Deux films différents, donc, et qui ont eu le malheur d’avoir été regroupés en un seul film, « Them », présenté à Cannes il y a six mois. C’est dommage car c’est au final un montage des deux parties avec des scènes en moins. Pas vraiment d’intérêt, si ce n’est pour les Weinstein d’assurer financièrement leurs arrières. Jessica Chastain n’a d’ailleurs pas vraiment apprécié ce montage, et on comprend pourquoi.

Malgré quelques défauts de rythme, « The Disappearence of Eleanor Rigby » est donc une œuvre intrigante, émouvante et parfaitement interprétée par un excellent casting. On a le droit à deux films en apparence différents mais qui traitent finalement des mêmes thèmes avec finesse et émotion.

un projet audacieux, qui malgré quelques imperfections arrive à nous émouvoir. Ned Benson est un cinéaste à suivre.

Note:


The Disappearance of Eleanor Rigby : Him & Her

Réalisé par Ned Benson

Avec Jessica Chastain, James McAvoy, Viola Davis, Ryan Eggold, William Hurt, Isabelle Huppert, Bill Hader, Ciarán Hinds,…

Date de diffusion : novembre 2014 (Netflix)

Genre: Romance, Drame

Synopsis: Eleanor aime Conor, et Conor aime Eleanor. Que se passe-t-il lorsqu’un couple vivant en parfaite harmonie se retrouve soudain confronté à un événement tragique? Les deux films composant The Disappearance of Eleanor Rigby racontent la même histoire d’amour, adoptant le point de vue de Conor dans Him et celui d’Eleanor dans Her, se renvoyant l’un à l’autre et s’emboîtant comme les pièces d’un puzzle.

Publications similaires