[Critique] Maps to the stars

Après avoir suivi la chute de l’empire d’un homme d’affaires dans Cosmopolis il y a deux ans dans l’adaptation du roman éponyme de Don DeLillo, David Cronenberg revient avec l’adaptation d’un autre roman explorant cette fois les coulisses peu reluisantes d’Hollywood : bienvenue dans le monde sans pitié de Maps to the Stars.

En 1h40, le réalisateur canadien dresse un portrait tout sauf flatteur du microcosme hollywoodien et de ceux qui l’entourent ou qui voudraient en faire partie. Entre le gourou des stars complètement perché, l’actrice quadragénaire en mal de reconnaissance et le jeune chauffeur de limousines ambitieux, aucun personnage n’est épargné par le scénario qui fait de ces pantins des êtres arrivistes, cruels et finalement désespérés. La caricature est sévère, peut-être trop : les personnages tombent vite dans l’excès de mauvais goût au point que le film, s’il commence très bien avec un ton satirique savoureux, bascule dans un grand n’importe quoi couronné par une scène impliquant des effets spéciaux d’une laideur effarante.

Là est sans doute le grand problème de Maps to the Stars, qui non seulement vire peu à peu au thriller familial glauque, mais abandonne finalement tous ses enjeux de film provocateur dans un cadre pourtant idéal. En l’espace de vingt minutes de film, on aura entendu les noms de célèbres producteurs, d’acteurs, de réalisateurs, pour ancrer le spectateur dans la cité où il est transporté, mais à aucun moment le film ne semble tirer profit de ça, comme si ce n’était pas cela qui intéressait Cronenberg, au fond. Et si on ne révèlera pas les twists tordus (c’est le cas de le dire) du film, autant dire qu’il faut avoir le cœur bien accroché et une grande ouverture d’esprit pour ne pas trouver le dernier quart d’heure too much alors qu’il devait à la base être tragique.

Le casting ne démérite pas, pourtant : entre une Mia Wasikowska inquiétante à souhait, une Julianne Moore totalement investie et la révélation Evan Bird qui joue un enfant-star de 13 ans aussi fou que les autres, Cronenberg arrive une nouvelle fois à tirer de ses acteurs des partitions fines et ambiguës, qui jouent sur la folie ambiante. Et saluons le casting des enfants du film, puisqu’en plus d’Evan Bird, deux autres enfants (dans des rôles cauchemardesques) frappent autant les esprits que leurs confrères adultes.

Parlons enfin de la mise en scène : clairement, on a connu Cronenberg plus inspiré. On pensait que le réalisateur tirerait profit de l’atmosphère étouffante, presque digne d’un drame fantastique avec toutes ces hallucinations. Mais le réalisateur est ici plutôt sage, et c’est décevant de sa part. Cosmopolis avait relevé le niveau d’un Cronenberg qui s’était assagi en matière de réalisation. Autant dire qu’ici le niveau est à nouveau redescendu. La musique n’est pas particulièrement réussie non plus.

C’est donc avec un sentiment mitigé que l’on ressort de Maps to the Stars, qui malgré un pitch alléchant ne tient pas toutes ses promesses et s’enlise dans la caricature totale de ses personnages. Reste malgré tout un excellent casting, et une poignée de scènes savoureuses.

Cronenberg profite de son excellent casting pour nous donner une drôle de caricature sur Hollywood et sa réalité.

Note :


 

Maps to the stars
Réalisé par David Cronenberg
Avec Julianne Moore, Mia Wasikowska, Olivia Williams, Evan Bird, Robert Pattinson, Sarah Gadon et John Cusack

Date de Sortie: 21 mai 2014
Genre: Drame

Synopsis: A Hollywood, la ville des rêves, se télescopent les étoiles : Benjie, 13 ans et déjà star; son père, Sanford Weiss, auteur à succès et coach des célébrités; sa cliente, la belle Havana Segrand, qu’il aide à se réaliser en tant que femme et actrice.
La capitale du Cinéma promet aussi le bonheur sur pellicule et papier glacé à ceux qui tentent de rejoindre les étoiles: Agatha, une jeune fille devenue, à peine débarquée, l’assistante d’Havana et le séduisant chauffeur de limousine avec lequel elle se lie, Jerome Fontana, qui aspire à la célébrité.
Mais alors, pourquoi dit-on qu’Hollywood est la ville des vices et des névroses, des incestes et des jalousies ? La ville des rêves fait revivre les fantômes et promet surtout le déchainement des pulsions et l’odeur du sang.

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