[Critique] Lost River

Cela va faire plus deux ans que Ryan Gosling s’est attelé à sa première réalisation, à ce moment-là nommée « How To Catch a Monster ». Ce qui deviendra plus tard « Lost River » se veut être un conte macabre, dans un Détroit laissé à l’abandon près d’une rivière mystérieuse. Alors, que penser du premier essai derrière la caméra de la coqueluche la plus cool d’Hollywood ? Après un passage à Cannes en demi-teinte l’année dernière et un remontage du film, l’heure du verdict a sonné.

Une chose est indéniable, Ryan Gosling a mis les petits plats dans les grands : il a engagé l’excellent chef opérateur Benoit Debie, a fait appel à Johnny Jewel de Chromatics (dont on entend un morceau au début de « Drive ») pour la bande-originale et s’est entouré d’un casting où de jeunes acteurs prometteurs comme Iain de Caestecker et Saoirse Ronan entourent des talents plus confirmés, à l’instar d’Eva Mendes ou Christina Hendricks. C’est donc dans un esprit familial que s’est fait Lost River et cela s’en ressent.

L’une des plus grosses qualités de Lost River réside dans sa sincérité, et derrière chaque plan se manifeste l’envie de Ryan Gosling de faire le meilleur film possible. On sent le jeune réalisateur passionné à l’idée d’adapter l’une de ses histoires d’enfance et il s’applique, peut-être trop d’ailleurs. Lost River ne brille pas par son originalité et ses thèmes, et il arrive souvent que la forme, éblouissante, prenne le pas sur le fond.

C’est ce qui fait que le film, nettement scindé en trois parties, prenne du temps avant de réellement dévoiler son potentiel. Il faut bien attendre une demi-heure pour que Billie, la maman battante du film, ne découvre le club où elle va travailler, et cela est beaucoup trop pour un film d’1h30. Le rythme est beaucoup trop irrégulier et les deux principales histoires, celle de la mère et celle de son fils Bones, n’arrivent jamais vraiment à s’entrecroiser. C’est d’autant plus dommage que la fin semble précipitée alors qu’elle aurait mérité plus de développement.

Outre ces reproches sur le scénario, Lost River bénéficie quand même d’une atmosphère envoûtante, bien aidée par ses images et sa bande-originale apportant un petit côté 50’s au film, sentiment renforcé par les costumes et les décors. Une atmosphère que l’on doit aussi aux très, très nombreuses influences de Gosling ; pêle-mêle, on citera Gaspar Noé, Lynch, et surtout Nicolas Winding Refn. D’où parfois un sentiment d’assister à un mélange de plusieurs influences qui empiètent sur la vision de Gosling, pourtant pas si inintéressante et vaine que ça.

Il peut heureusement compter sur un casting parfait, où tous les acteurs incarnent à la perfection leurs rôles respectifs. On retiendra surtout Matt Smith en méchant bien flippant, Christina Hendricks en mère-courage et Ben Mendelsohn dont la danse macabre provoque quelques sueurs froides.

Si Lost River n’est pas parfait, il a en revanche le mérite d’être d’une grande sincérité qui le rend touchant et attachant. Il divisera, c’est sûr, mais pour un premier essai, Ryan Gosling fait preuve de beaucoup de qualités et pour cela, son premier essai, malgré ses défauts, mérite le coup d’œil.

Un premier film imparfait mais d’une grande ambition et d’une beauté envoûtante.

Note :


 

Lost River
Réalisé par Ryan Gosling
Avec Christina Hendricks, Saoirse Ronan, Iain De Caestecker, Matt Smith, Reda Kateb, Eva Mendes, Ben Mendelsohn,…

Date de Sortie : 8 avril 2015
Genre: Thriller, Fantastique

Synopsis: Dans une ville qui se meurt, Billy, mère célibataire de deux enfants, est entraînée peu à peu dans les bas-fonds d’un monde sombre et macabre, pendant que Bones, son fils aîné, découvre une route secrète menant à une cité engloutie. Billy et son fils devront aller jusqu’au bout pour que leur famille s’en sorte.

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