[Critique] Le Livre de la Jungle

le livre de la jungle 1967Trente ans après la sortie du premier « Classique d’Animation » (Blanche-Neige et les Sept Nains), après des succès et quelques échecs, les studios Disney se décident d’adapter enfin l’œuvre de Kipling : Le Livre de la Jungle. Ce 19ème classique marque la fin du « Premier âge d’or » de Disney, il sera en effet le dernier film sur lequel Walt Disney se sera investi avant sa mort, le 15 décembre 1966.

L’œuvre de Rudyard Kipling contient plusieurs nouvelles, l’adaptation de Disney ne s’intéresse qu’à la partie sur Mowgli, mais garde le nom du recueil. Le personnage principal est donc un enfant, qui pour la première fois chez Disney est réellement acteur, pas comme Moustique dans Merlin, l’Enchanteur qui suit le magicien. Mais c’est également le seul humain, vivant dans un univers sauvage et entouré de bêtes sauvages. L’enfant est accompagné par Bagheera (une panthère) et Baloo (un ours), on retrouve ici le trio d’amis habituel dans l’univers Disney (Mickey, Donald et Dingo par exemple).

La difficulté dans ce genre de dessin-animé est de reproduire le plus fidèlement possible les mouvements des animaux, à nouveau l’équipe d’animation a réussi un challenge de taille. Le Livre de la Jungle devient donc une fresque animalière avec la rencontre de différentes espèces, toutes plus réalistes les unes que les autres, mais aussi développées sur des stéréotypes (la mémoire d’éléphant ou l’ours qui passe son temps à se gratter) : loups, panthère, serpent, ours, singes, tigre, vautours… Le réalisme ne se trouve pas seulement dans les animaux et Mowgli, mais aussi dans les décors : Albert Dempster nous offre différents décors qui s’associent parfaitement à ce qui se passe à différents moments du film, il présente également une forêt tropical en Inde, ce qui est une première chez Disney.

C’est un film qui a été écrit plusieurs fois, le premier scénario étant trop proche de l’œuvre original et donc trop sombre pour l’esprit Disney. Le deuxième scénario, écrit par Larry Clemmons, Ralph Wright, Vance Gerry et Ken Anderson, fait du Livre de la Jungle un film drôle et léger, que l’on regarde sans difficulté tant le scénario est fluide. La musique se fond avec chaque nouvelle rencontre, elle suit le fil de l’histoire sans jamais l’interrompre (j’en reparlerai brièvement plus tard), et chaque rencontre est comme un nouvel épisode. De plus, les menaces pour l’enfant sont souvent ridiculisées (Kaa, le python avec son corps noué ou rouillé), la véritable menace (parce qu’il faut bien un méchant) est le tigre Sher Khan qui est annoncé dès le début comme un danger, mais qui est présent tardivement dans le film.

Ses musiques marquent différentes rencontres au cours des péripéties de l’enfant, elles sont à la fois mystérieuses et rassurantes, les chansons elles bougent et font même de la philosophie (Il en faut peu pour être heureux rappelle étrangement à l’épicurisme, si je ne m’abuse), mais elles donnent envie de bouger. Ce n’est pas pour rien que le film se termine sur sa chanson fard alors que quelques instants plus tard, les spectateurs assistaient à des adieux entre le trio.

Walt Disney avec Le Livre de la Jungle nous offre son dernier chef d’œuvre, un film qui correspond à sa vision et de la totalité de son travail : à la fois émouvant, émerveillant et drôle. C’est un nouveau classique, avec une adaptation libre mais qui se justifie pour son public, ainsi que par la vision de Disney.

le livre de la jungle 1967

Le Livre de la Jungle, les aventures d’un petit garçon élevé dans la jungle par des animaux, nous emmène dans un nouvel univers et nous entraîne avec ses chansons.

Note :

Note-8-10

Le Livre de la Jungle
Réalisé par Wolfgang Reitherman
Avec les voix de Phil Harris, Sebastian Cabot, Louis Prima,…

Date de sortie: 18 Octobre 1967

Genre: Animation, Aventure

Synopsis: La panthère Baghéera découvre dans la jungle un jeune enfant abandonné. Elle décide de le confier à une famille de loups qui l’éleve comme un louveteau. Alors que Mowgli a dix ans, le tigre Shere Kahn approche du territoire des loups. Pour éviter à l’enfant une fin inévitable, les loups l’éloignent et décident de le confier aux hommes d’un village proche. C’est Baghéera qui le conduit. Pendant leur voyage, ils feront de nombreuses rencontres, parfois redoutables.

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