Critique de « Dogman »: le réalisateur controversé Luc Besson laisse flotter son drapeau bizarre
Venise 2023 : le style est assez aimable, présentant un autre virage gonzo de Caleb Landry Jones
Trop grandiloquent pour l’establishment français et trop particulier pour se lancer à fond à Hollywood, Luc Besson a jadis tracé un terrain d’entente impressionnant sur la scène internationale.
À son apogée dans les années 1990, l’auteur d’action riffait et dansait autour de la formule du blockbuster, livrant des chaudières de genre si perverses (dans le cas de « Leon : The Professional » de 1994) ou étranges (comme dans « Le Cinquième Élément » de 1997) qu’elles se démarquent visiblement. en dehors de votre offre de studio standard et, ce faisant, Besson s’est bâti un empire. En proie à des problèmes juridiques et financiers, la star du réalisateur français s’est estompée au cours de la dernière décennie, mais sa faim n’a clairement pas changé.
Ce qui nous amène à « Dogman ». Présenté en compétition au Festival du Film de Venise, le projet marque une sorte de retour éclatant pour le cinéaste assiégé, récemment acquitté des accusations d’agression sexuelle, et un argument passionné selon lequel son ancien modèle a encore du jus. Cela pourrait très bien être le cas, mais je doute que cette preuve de concept particulière ait l’effet escompté.
Ce qui ne veut pas dire complètement dénigrer ce film désordonné (et inspiré par intermittence) qui se présente comme une réponse plus large au boom de la bande dessinée à Hollywood et comme un riff plus pointu sur « Joker », en particulier. Tiré du Lion d’Or 2019 de Venise, de la même manière que Todd Philips a crié à Martin Scorsese, « Dogman » joue comme le reflet d’un reflet, un pré-démarrage de miroir amusant séparé de toute propriété intellectuelle existante. Cela donne à Besson carte blanche pour laisser flotter son drapeau bizarre, en créant un personnage singulièrement désarticulé – un seigneur du crime utilisant un fauteuil roulant, qui plie le genre avec un contrôle psychique des chiens – et en rétro-ingénierieant une histoire d’origine autour de lui.
Offrant à la star Caleb Landry Jones une autre entrée remarquable dans son canon de Strange Little Guys, Dogman (enfin, il s’appelle principalement Doug) se présente sur le bord de la route, trouble, imbibé de sang et orné de paillettes comme Marilyn Monroe, et bientôt il Il incombe à la psychologue Evelyn (Jojo T. Gibbs) de décoller ses nombreuses couches. Passant de ce dispositif de cadrage d’interrogation psychologique à une série de flash-backs de plus en plus baroques, Besson imagine son propre gothique américain, suivant le parcours improbable de son héros d’un foyer violent, à un emprisonnement prolongé dans un chenil, à un passage en famille d’accueil et à son épanouissement éventuel dans un cabaret de dragsters du New Jersey.
Aucun de ces éléments discrets n’a le droit de fusionner – et d’ailleurs ce n’est pas le cas – mais on peut prendre un certain plaisir à voir le cerveau adolescent d’un cinéaste s’associer librement de manière aussi sauvage. Au-delà du cadre du « Joker », Besson semble particulièrement obsédé par la mythologie du Chevalier Noir, mettant en scène l’émergence surnaturelle de Doug comme un clin d’œil visuel direct au « Batman Returns » de Tim Burton lorsqu’une meute de chiens se rassemble autour d’un jeune homme mortellement blessé, le soignant tout en lui offrant un petit quelque chose en plus. (Bon sang, le titre même du film semble être le produit d’un jeu de substitution idiot : Chat… femme rencontre Chien… homme.)
Et si le film n’était qu’un mince prétexte à des décors bizarres alors que les décors sont si amusants ? Il n’y a peut-être aucune rime ni aucune raison pour les trois performances de diva de Jones, si ce n’est le fait qu’il remplisse si bien les robes d’Edith Piaf, Marlene Dietrich et Dame Marilyn, mais encore une fois, et alors ? Une fois que vous avez accepté ce sac d’idées à moitié formées, ne préféreriez-vous pas assister à un braquage de bijoux d’invasion de domicile richement mis en scène et exécuté par une meute de très bons chiens ?
Si « Dogman » a très peu à dire, il joue assez aimablement sur le style, présentant un autre tour de gonzo de Caleb Landry Jones et présageant le retour de Luc Besson. Pour le meilleur ou pour le pire, ce vieux cabot a encore du mordant.