Casino Royale, retour sur le renouveau old-school de James Bond
James Bond est assurément une des sagas les plus mythiques du cinéma. Rares sont les personnages qui ont eu autant de films de qualité portés par des acteurs iconiques de leurs époques respectives. Pourtant, à l’aune des années 1990, James Bond est entré dans la grande famille des films d’action plaisants et accessibles. Englués dans un style qui devenait sur-représenté, les producteurs de la série de films ont fait un choix drastique. Celui d’un reboot total de la série.
Avec cela, c’est toute la direction artistique qui a effectué un virage à 180° pour nous offrir un nouveau James Bond, bien plus sombre et réaliste que les précédents.
Des films d’action avec Pierce Brosnan à la réalisation presque intimiste d’un Casino Royale, zoom sur une transition qui a réinventé l’espion le plus connu de la planète.
Sommaire
Les années 1990, l’âge d’or des films d’action
Quand Pierce Brosnan est annoncé comme le nouvel espion de Sa Majesté, son baptême du feu commence avec le désormais mythique GoldenEye de Martin Campbell.
Le film, bien qu’excellent, s’inscrit dans la mouvance de l’époque. La recette était simple : un héros charismatique en proie à des péripéties toujours plus acrobatiques et des fusillades longues, mais peu fatales. Entre les John McClane de la saga des Die Hard, Indiana Jones et autres Terminator, James Bond revêt lui aussi l’habit d’As de la gâchette.
Les films suivants avec l’acteur britannique ne feront que confirmer la tendance. Des gadgets toujours plus fous, une action omniprésente, un scénario simple et efficace.
Alors, quand on apprend que Martin Campbell, le réalisateur de GoldenEye, se retrouve aux commandes du nouveau James Bond avec Daniel Craig, les attentes deviennent grandes. Mais, quand en plus, les producteurs et scénaristes annoncent travailler sur un reboot de la série, avec un remake d’un des premiers films de la saga, les fans de l’espion anglais trépignent.
Un retour aux sources qui suit la tendance
James Bond sait s’adapter et dans une période où les blockbusters d’actions s’enchaînent avec plus ou moins de succès, la direction artistique fait le choix du sobre et élégant. Un véritable bond en arrière illustré dans les moindres détails. La voiture de Bond, par exemple, l’Aston Martin DBS V12, est elle-même un hommage à la DBS, une des nombreuses voitures utilisées par l’espion, mais la plus emblématique.
Daniel Craig transforme aussi le personnage de par son jeu. Beaucoup plus dans la retenue qu’un Pierce Brosnan presque bout en train dans ses derniers films, l’acteur incarne un Bond particulièrement humain durant sa première mission. Une mission qui le marquera à vie et explique en partie le comportement ultérieur de l’espion.
Le changement se fait aussi dans la réalisation et dans les choix de plans. La caméra de Casino Royale est très souvent proche des acteurs. On suit Daniel Craig à la trace dans un monde qui n’a rien de fantaisiste. Martin Campbell instigue un grain de réel dans sa pellicule et ses mouvements de caméra. Le monde que doit sauver James Bond n’est plus une représentation un peu colorée du nôtre, mais bien celui-ci.
C’est par cette capacité à ancrer le récit dans un réalisme glaçant que le scénario peut se mettre en place. Un scénario qui bouscule encore une fois les codes et nous offre un affrontement non pas à coups de fusils ou de gadgets, mais de cartes.
Assumer un cinéma de genre
Si de nombreuses scènes de poker sont rentrées dans les mémoires des amateurs du cinéma ou de l’art audiovisuel, d’autres ont pris une autre voie pour s’élever au Panthéon du septième art et devenir cultes. La volonté de mettre la partie de poker qui se joue entre James Bond et le Chiffre au cœur de l’action accentue la dramaturgie de l’affrontement. Le combat entre l’espion de Sa Majesté et le méchant du film est illustré au travers des différents coups qu’ils se lancent afin de remporter la mise.
À la table, bien plus qu’une partie de poker, c’est le sort du monde entier qui est suspendu aux cartes.
La métaphore de l’affrontement par le biais d’une simple partie de cartes illustre un changement radical au sein de la saga. Si l’action est toujours mise en valeur, le ton n’est plus du tout le même. Ici, les blagues font place à un réalisme qui glace le sang, mais embarque aussi totalement le spectateur.
La scène de l’arrêt cardiaque de James Bond n’est pas impressionnante dans sa réalisation. C’est la tension prodiguée par le scénario et le traitement presque intimiste de la scène qui la rend si angoissante. Bien entendu, les scènes d’action ne manquent pas dans le deuxième acte du film, mais elles servent le récit.
Raconter une histoire divertissante au lieu de divertir. Voilà ce qu’était l’objectif des producteurs pour faire redécoller la saga. Une chose est certaine, ils ont réussi. Le récent succès du dernier film, Mourir peut attendre, le prouve.