Both Sides of the Blade Avis critique du film (2022)

Il s’agit de la troisième collaboration de Denis avec Binoche (« Let the Sunshine In » et « High Life »), et ici, elle s’associe à nouveau avec Christine Angot (qui a co-écrit « Let the Sunshine In ») pour créer un scénario à partir de Le roman d’Angot 2018 Un Tournant de la vie. Le roman d’Angot est principalement un dialogue, ce qui se reflète dans le scénario « bavard », où le langage est finement travaillé et minutieusement observé, agrémenté d’indirection, d’évitement et de mensonges flagrants (entre eux et envers eux-mêmes). Lorsque la vérité éclate, elle éclate de manière désordonnée après avoir été piégée si longtemps dans un conteneur. « Both Sides of the Blade » a eu plusieurs titres dans son histoire de production (il est toujours répertorié comme « Fire » sur IMDb), mais la version finale est venue d’une chanson de Tindersticks (qui a fait la partition de mauvaise humeur). Le titre original français a un certain panache émoussé : « Avec Amour et Acharnement »: « With Love and Relentlessness », mais lorsque Denis a entendu « Both Sides of the Blade » au montage, elle a pensé que c’était le plus approprié pour cette histoire de passion. acuité et danger.

Vus dans les séquences d’ouverture, flottant ensemble dans un océan bleu, Sara (Juliette Binoche) et Jean (Vincent Lindon) ne sont pas qu’un couple heureux. Ils forment un couple parfaitement satisfait et rassasié. Trop beau pour être vrai? Denis ne sape pas le bonheur avec la préfiguration. Elle le présente directement. Elle présente tout droit. Il n’y a pas d’exposition, puisque les êtres humains ne se déplacent pas pour fournir une exposition aux personnes qui connaissent déjà l’histoire. Nous devons reconstituer ce qui s’est passé.

Sara est l’animatrice d’une émission de radio, où elle interviewe des gens sérieux sur des sujets sérieux, la guerre, le racisme, la politique mondiale. Jean est au chômage, ayant du mal à franchir les barrières mises en place en raison de ses antécédents criminels et de sa peine de prison passée (pour un crime jamais révélé). Il fait le tour des agences d’intérim, tout en recevant des appels téléphoniques incessants de sa mère (Bulle Ogier). Le fils de Jean issu d’un précédent mariage, Marcus (Issa Perica), vit avec sa grand-mère et les choses ne vont pas bien. Le lendemain du retour de vacances de Sara et Jean, elle aperçoit un homme dans la rue, et elle s’arrête net, foudroyée. Il s’agit de François (Grégoire Colin), un vieil ami de Sara et de Jean, et l’ancienne flamme de Sara.

Sara est complètement défaite par ce seul regard. Cela ouvre un abîme dans sa vie, un abîme qui ne semblait pas exister la veille. Qui est François – et ce qui s’est passé entre eux – est révélé dans une conversation captivante entre Sara et Jean, lorsqu’elle lui dit qu’elle a vu François dans la rue. Elle est ouvertement désinvolte à ce sujet, mais Jean est immédiatement alerte au crépitement sous-jacent. A partir de là, plus rien n’est pareil.

C’est l’étoffe du mélodrame Sirk-ian, où « les problèmes de trois petites personnes » s’élèvent définitivement à « une colline de haricots ». « Both Sides of the Blade » est une romance, un triangle amoureux, un drame conjugal, un récit d’infidélité, tous des terrains familiers, mais l’approche de Denis est la sienne. Les personnages existent dans des cloches hermétiques – ensemble, puis séparément – rendant la connexion presque impossible. Le film est à l’intérieur de cette cloche, souvent claustrophobe à bout de souffle dans sa mise au point. Denis, et son directeur de la photographie Éric Gautier, ne nous laissent pas de côté. La caméra est en plein dans les visages de Binoche et Lindon, buvant chaque pause, chaque petit changement d’humeur ou de sentiment, la caméra presque une intrusion, un Grand Inquisiteur.

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