Annette Avis critique du film & résumé du film (2021)

Henry n’est pas « annulé » à cause d’accusations de femmes. Dans un acte d’autodestruction spectaculaire, Henry met le feu à sa propre carrière. Il s’annule. Alors que son étoile tombe, l’étoile d’Ann se lève. La presse à sensation bouillonne autour d’eux, salivant devant l’épave du train. Il y a ici des éléments de « A Star is Born » ou « New York, New York », deux comédies musicales où les créatifs luttent pour maintenir leur équilibre lorsqu’un partenaire a moins de succès que l’autre. Au milieu de toute cette agitation, Henry et Ann ont un bébé. Moins on en parle, mieux c’est.

Carax n’a réalisé qu’une poignée de films en 37 ans. Il a commencé fort, avec « Boy Meets Girl » en 1984, avec Mireille Perrier et Denis Levant (avec qui il travaillera encore et encore). En 1986 est sorti le chef-d’œuvre « Mauvais Sang », réalisé à l’âge étonnamment jeune de 26 ans. « Mauvais Sang » mettait à nouveau en vedette Juliette Binoche et Levant, et il s’impose comme l’une des grandes réalisations du cinéma. Carax avait peut-être 26 ans, mais il était déjà pleinement formé en tant qu’artiste. Son troisième film, le malheureux « Les amants sur le pont » a duré trois ans et était une bombe si chère – comme  » Ishtar  » en France – qu’il faudrait près de dix ans avant que Carax ne fasse un autre film. (flop cher ou pas, « Lovers on the Bridge » mérite d’être redécouvert.) En 1999 sort « Pola X », avec Catherine Deneuve, sur une partition de l’auteur-compositeur-interprète avant-gardiste Scott Walker. (La musique a toujours joué un rôle essentiel dans les films de Carax et dans nombre de ses séquences les plus célèbres, comme dans « Mauvais Sang » où Levant, ravi de sa première sensation d’amour, court et fait la roue dans une rue sombre avec l’accompagnement de David Bowie  » Modern Love », une scène que Noah Baumbach a montée en bloc pour « Frances Ha »). En 2012, est venu « Holy Motors », mettant à nouveau en vedette Levant, en tant qu’homme parcourant les rues de Paris dans une limousine blanche, se transformant physiquement pour différents « rendez-vous ». « Holy Motors » est le plus franchement théâtral de Carax : il s’agit de l’acte de création, d’agir lui-même. Le film commence par un plan d’un public assis dans une salle obscure, attendant silencieusement que le spectacle commence.

Dans « Annette », Carax admet l’artificialité dès le départ. Le film s’ouvre avec des musiciens et des chanteurs réunis dans un studio d’enregistrement, tandis que des techniciens ajustent les leviers de la cabine. Le groupe commence à interpréter le numéro d’ouverture, « So May We Start », et finalement, le numéro brise ses propres coutures lorsque le groupe, les chanteurs, les techniciens, tous, se lèvent et quittent le studio, chantant toujours en marchant. les rues, rassemblant les gens dans leur sillage, le son de plus en plus gros. (Cela rappelle l’accordéon « entracte » dans « Holy Motors »). « So May We Start » agit comme l’un de ces discours d’ouverture ou de clôture shakespeariens, où un personnage s’adresse directement au public à propos de ce qu’il est sur le point de voir, ou, à la fin, demande des applaudissements (comme Puck « Donnez-moi vos mains, si nous sommes amis » à la fin de Songe d’une nuit d’été.) « So May We Start » fixe les termes des principes de fonctionnement de « Annette ». C’est artificiel, mais non moins réel à cause de cela. Il en va de même en ce qui concerne l’utilisation étonnante de la rétroprojection par Carax (dans une scène en particulier). C’est « faux », mais il y a quelque chose à ce sujet qui est Suite réel que la réalité de style documentaire. Rien n’est faux quand on est en train de créer.

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