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Angèle – le documentaire : une fille simple au succès effrayant

La solitude d’une chanteuse universelle

Universel, voilà l’adjectif récurrent pour juger « Brol », le premier album de la chanteuse belge. Alors, quand le documentaire arrive sur les plateformes, nous pensons y voir 1h24 de continuité. Pourtant, ce long reportage montre plusieurs changements dans la vie d’Angèle, tous lié au même thème : le succès soudain de son premier opus.

Bien que poussées par des idéaux et par ses envies, la chanteuse n’oublie pas d’être mélancolique et sensible aux interactions de son quotidien. Ce qui aurait pu être une complainte de 90 minutes pose de vraies questions : comment gérer la solitude quand sa gloire repose sur le côté universel ? Mais aussi, comment autant d’auditeurs peuvent s’identifier à une jeune femme à qui tout sourit ?

Sa force vient de là. Certains y verront des contradictions alors qu’en regardant de plus près, ce sont des paradoxes. La nuance est légère mais il construit tout l’univers d’Angèle. Ce phénomène est très bien développé dans une vidéo de Yann Piette. Mais si l’on creuse davantage, la question serait : pourquoi ce personnage belge rencontre un tel succès en France ?

Dans Ne montre jamais ça à personne, le documentaire en 6 épisodes sur Orelsan, le bruxellois Stromae dit s’être identifié au rappeur caennais puisque « venir de Bruxelles c’est un peu comme venir de province ». Le premier single de second opus d’Angèle, Bruxelles JTM, correspond à l’attachement de millions de gens à la ville où ils ont grandi.

Sorti au moment de ses 25 ans, ce documentaire transcrit un autre côté universel : la quête de soi. Angèle semble mieux saisir les enjeux de sa notoriété, ce qui lui permet d’être plus stable mais aussi de relativiser son propre succès. Lorsque la jeune femme travaille avec l’américaine Dua Lipa pour le morceau Fever, Angèle semble prendre du recul sur la démesure qu’implique une stature internationale.

Un documentaire avant l'album, le 10 décembre 2021.
Un documentaire avant l’album, le 10 décembre 2021.

Un documentaire intimiste

Ce format en pleine expansion est un bon élément pour lancer une campagne marketing, comme Gims ou Orelsan notamment. Les fans s’y précipitent et ceux qui n’arrivent à se décider sur les plateformes peuvent se laisser tenter par le côté « Inside » des coulisses. De plus, sortir ce format d’1h24 deux semaines avant la sortie du projet peut laisser le temps à ses deux catégories de le revisionner.

La second utilité de ce format est le temps de parole qu’il offre, surtout quand l’univers de l’artiste se veut intimiste. La confidence est plus simple. D’abord, elle permet de déminer certaines erreurs. Angèle utilise ce procédé pour s’excuser de sa réaction nerveuse envers quelques fans après un énième concert en festival, des loupés dues à sa nouvelle posture.

Ensuite, cela lui laisse un temps de parole ininterrompu sur les différentes polémiques qui l’ont concerné depuis 2 ans, notamment sa relation privée et les révélations faites autour de son frère.

Pourtant, ce reportage commence de manière étouffante. Il s’ait d’une séquence avant d’entrée sur scène pour Angèle rythmée par une voix-off pesante car trop mis en scène. Un mauvais réflexe sûrement tiré du reportage Les Etoiles Vagabondes du rappeur Nekfeu. Bien que le montage semble haché sur le premier tiers, il devient très agréable avec ce mélange d’archives récentes et familiales. Les voix-off deviennent presque des respirations pour casser les quelques ressentis linéaires.

Pour Angèle, il semble que ce soit Netflix qui ait contacté ses équipes avec l’idée d’un documentaire. Peu de temps après, le premier confinement a décidé la chanteuse de l’envie de se raconter et de faire le bilan de son succès fulgurant, racontent Yann Dernaucourt et Pierre Cornet, directeurs du label Romance qui signe la jeune Belge.

Derrière la caméra, ce sont ses parents qui au travers d’heures et d’heures de films de famille ont dû trier, mais aussi Brice VDH, réalisateur de nombreux clips d’Angèle et mari de sa manageuse Sylvie Farr :

Le voir à la réalisation, c’était une condition sine qua non. Angèle avait besoin de se sentir rassurée et d’avoir la sensation de maîtriser ce qui est raconté”

Conclusion

Il n’y a pas de bon ou de mauvais documentaire musical. Il n’y a que des documentaires qui correspondent aux personnages mis en avants. Ici, le propos est simple, à l’image de l’univers musical d’Angèle : ne soyez pas trop durs, je ne saurai pas être quelqu’un d’autre.

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