Encounters at the End of the World Avis critique du film (21)

Ils mènent également des vies tournées autour de films de monstres sur vidéo, d’une machine à glaces précieuse et d’un concert de fanfare du haut d’une hutte Quonset pendant la journée éternelle. Et ils ont des commodités modernes dont Herzog désespère, comme un guichet automatique, dans un endroit où la machine, l’argent qu’il contient et les personnes qui l’utilisent doivent tous être transportés par avion. Herzog aime ces gens, c’est clair, car, comme lui, ils sont allés si loin pour échapper au banal et tester les limites de l’extraordinaire. Mais il y a une différence entre eux et Timothy Treadwell, le héros de « Grizzly Man », le documentaire de Herzog sur un homme qui pensait pouvoir vivre avec des ours sans être mangé, et s’est trompé. La différence est que Treadwell était un romantique insensé, et ces hommes et ces femmes sont dans cet endroit abandonné par Dieu pour élargir leur connaissance de la planète et des mystères de la vie et de la mort elle-même.

La méthode d’Herzog donne l’impression que le film se déroule par hasard, bien que le hasard n’ait rien à voir avec cela. Il raconte comme si nous regardions des films de ses dernières vacances – informel, conversationnel, engageant. Il parle des gens qu’il a rencontrés, des vues qu’il a vues, des pensées qu’il a eues. Et puis, une image plus grande apparaît inexorablement. McMurdo est perché à la frontière du suicide à venir de la planète. L’humanité a grandi trop vite, dépensé trop librement, trop consommé, et la calotte glaciaire fond, et nous périrons tous. Herzog n’utilise pas un tel langage, bien sûr; il est trop subtil et visionnaire. Il est poussé vers ses conclusions par ce qu’il voit. En un sens, son film voyage à travers le temps et l’espace, et nous voyons le peu que nous pourrions finir par laisser derrière nous. Il n’est pas non plus déprimé par cette perspective, mais seulement philosophique. Nous sommes venus, nous avons vu, nous avons conquis et nous avons laissé un poisson congelé.

Sa visite en Antarctique n’avait pas pour but, nous prévient-il d’emblée, de filmer des «pingouins duveteux». Mais il y a des pingouins dans le film, et l’un d’eux se lance dans un voyage qui hante ma mémoire jusqu’à ce moment, longtemps après qu’il a dû se terminer.

Noter: Herzog m’a dédié ce film. Je suis profondément ému et honoré. La lettre que je lui ai écrite du Festival du film de Toronto 2007 est à rogerebert.com

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