Critique de « The Thicket » : Tubi ou pas Tubi, c'est un grand western sombre
Peter Dinklage et Juliette Lewis sont les têtes d'affiche d'un film de poursuite intrigant du service de streaming éclectique
Dans le monde très compétitif des services de streaming, Tubi s'est fait un nom. C'est un nom étrange, certes, mais c'est un nom. Tubi est gratuit et ne contient pas de publicités, ce que des entreprises comme Netflix considèrent probablement comme une folie, mais plus important encore, il regorge de films et d'émissions de télévision dont presque tous les autres streamers ne se soucient pas.
Vous pouvez trouver des sorties importantes sous licence de grands studios, mais vous pouvez les obtenir n'importe où. Essayez de trouver la série télévisée canadienne de 1988 « T et T » – sur Mister T travaillant comme aide juridique – sur Netflix ou Disney+. Ils jamais. Tubi est l'équivalent du magasin de vidéo familial excentrique situé juste en bas de la rue d'un Blockbuster parasite qui ne peut pas vraiment les mettre en faillite, car Blockbuster ne propose pas de bizarreries ésotériques comme la vidéo de compilation à très petit budget de 1990 « That's Action » animée par Robert Culp.
Tubi a déjà sorti pas mal de films originaux, mais la plupart d'entre eux ont l'air de faire partie des étagères les plus basses des magasins familiaux. Même leur remake de « Terror Train » semble avoir été réalisé en une semaine ou moins (leur « Terror Train 2 » n'est pas mal, cependant). Un film comme « The Thicket » est donc, pour le meilleur ou pour le pire, un pas dans une direction plus élégante. C'est un nouveau western élégant et austère avec un casting impressionnant, basé sur un roman du célèbre auteur Joe R. Lansdale, et il bénéficie même d'une sortie en salle, ce qui n'est pas sans rappeler un gage de qualité.
Dans « The Thicket », Esmé Creed-Miles (« Hanna ») et Levon Hawke (« Blink Twice ») incarnent Lula et Jack Parker, dont les parents viennent de mourir de la variole et qui partent vivre avec leur grand-père lorsqu’ils tombent sur Bill le tueur (Juliette Lewis), un fugitif recherché par une bande de voyous. Bill tue leur grand-père, kidnappe Lula et laisse Jack pour mort. Il achète alors les services d’un chasseur de primes las du monde, Reginald Jones (Peter Dinklage), pour traquer Lula et la sauver.
Le genre western est aussi usé que n’importe quel autre, et les intrigues originales sont rares. « The Thicket » a beaucoup en commun avec des films comme « La prisonnière du désert » et « True Grit », où de jeunes idéalistes font équipe avec de vieux tireurs grisonnants pour sauver des innocents et/ou se venger d’un meurtrier. Au fil du temps, de dures leçons seront tirées. Diable, même l’idée d’un western révisionniste est si ancienne maintenant qu’elle n’est plus révisionniste. Si vous commencez à regarder un western, vous devez vous attendre à voir des éléments familiers du western. La puissance réside dans la narration, pas nécessairement dans ce qui est raconté.
Et c'est là que « The Thicket » est le plus épineux, perçant des trous dans des moments familiers, faisant couler le sang là où on ne l'attend pas. Peter Dinklage, qui a coproduit le film, apporte un cynisme étrange et fascinant à son personnage de mercenaire. Son CV est inhabituellement diversifié et ses compétences en résolution de problèmes vont de la simple violence à l'insultante grossièreté. Mais après avoir sali l'honneur d'une travailleuse du sexe, Jimmy Sue (Leslie Grace, « In the Heights »), pour prendre le dessus dans une dispute, il s'excuse au moins. C'est un scélérat pragmatique, pas un parfait goujat.
Mais « The Thicket » appartient à Juliette Lewis, d’un bout à l’autre. Lewis joue le Bill coupe-gorge avec un accent de grenouille et un visage entaillé, et aucune idée de comment s’identifier. Des mots comme « trans » et « genderfluid » n’auraient pas été disponibles pour Bill il y a 100 ans, dans un coin du monde presque perdu, et donc ils suivent leur instinct et agissent selon leurs impulsions. Bill est curieux de savoir si elles sont jolies, mais évite toute féminité. Bill cambriole un comptoir commercial et force l’homme au comptoir à sucer leur bâton de réglisse. Bill force Lula à repousser les signes de son sexe, et bien que Bill la sauve de ses sous-fifres lascives, il insiste pour un câlin laconique, presque superficiel.
C'est un rôle complexe et il ouvre une discussion intéressante sur la représentation, en tant que personnage homosexuel dans un film d'époque où son identité serait difficile à discuter dans un dialogue, et en tant que méchant sans équivoque qui a néanmoins des qualités tragiques et une complexité morale. « The Thicket » aborde Cut Throat Bill comme un simple personnage de son récit, ce qui n'est pas l'objectif principal du film. Bill n'est peut-être pas un portrait « positif », mais on peut affirmer qu'il s'agit d'un personnage multidimensionnel, qui mérite au moins une analyse plus approfondie.
Elliott Lester (« Aftermath ») a réalisé « The Thicket » et il maîtrise parfaitement ce genre de choses. La photographie de Guillermo Garza est glaciale, presque au bord de la mort, et le reste du film de Lester est modifié en conséquence. Il y a un sentiment de misère dans l'air. On a la nette impression que le monde de ce film sent mauvais. Il est peuplé de personnages qui se sont adaptés, pas toujours bien, à y vivre. Et le casting est ponctué de performances inattendues de la part de Macon Blair, Gbenga Akinnagbe, Andrew Schultz et James Hetfield (oui, ce James Hetfield, de Metallica).
« The Thicket » se termine comme il se doit et laisse le public avec un sentiment de triste finalité. Même les personnages dont la fin est sans doute heureuse ne semblent pas très heureux. C'est une époque sombre, un endroit sombre, et il y a plein de gens sombres, et il est difficile de juger parce que nous vivons actuellement dans une époque sombre, dans un endroit sombre, avec nos propres gens sombres. « The Thicket » est une histoire horrible, dans le bon sens du terme. C'est un film remarquable d'un streamer excentrique.
«« The Thicket » est actuellement à l’affiche dans certains cinémas.