[Critique] 50 Nuances de Grey

50 Nuances de Grey est certainement l’un des romans qui a le plus fait parler de lui ces dernières années. A l’origine une fan-fiction de Twilight, l’oeuvre narrait l’initiation d’une jeune femme dans le milieu du BDSM. Fort de son succès, une adaptation cinématographique a vu le jour, où les fans avaient le dernier mot sur plusieurs éléments, notamment l’acteur principal, qui a du être changé pour Jamie Dornan, acteur plus consensuel. Au final, que vaut le film. S’agit-il de l’Emmanuelle de notre génération?

Autant le dire tout de suite : la dimension sulfureuse et les scènes de sexe sont très peu présentes dans le film, qui se dévoile au final plus comme une romance ayant comme moteur le sexe, que comme une oeuvre érotique. Ces scènes ne représentent qu’une infime partie du film, et l’aspect purement BDSM ne se voit qu’à deux moments. Ainsi, on peut tout de suite écarter le parcours initiatique d’Anastasia, préférant quant à elle une histoire d’amour plus… traditionnelle.

Le souci du film, au final, c’est qu’il ne fait que frustrer. Tout le premier tiers du film fait d’énormes appels et sous-entendu aux pratiques sexuelles de l’homme, pour au final, ne jamais réellement voir grand chose. L’histoire se concentre uniquement sur la romance entre les deux personnages, et c’est d’un ennui incroyable. Les personnages n’avancent pas et on a l’impression de toujours assister aux mêmes dialogues. De cette répétition découle un manque de développement des personnages, notamment le personnage central, dont on ne comprend toujours pas d’où il peut retirer du plaisir. Cela donne au final plus l’impression d’un homme cherchant un prétexte pour battre sa femme, donnant ainsi une hommage incroyablement rétrograde de la femme comme objet, complètement soumise au moindre désir de son mari, au lieu de mettre en avant le plaisir que la jeune femme peut ressentir. Car au final, son plaisir ne se ressent qu’à deux moments : lors des scènes de sexe assez classiques. Certes, le coup de cravache démontre que la douleur n’est pas forcément source de souffrance, mais peut avoir une dimension sensuelle, mais le tout ne se limite qu’à cela.

Le casting donne l’impression d’être constipé pendant la totalité du film, avec un duo qui n’a aucune affinité ressentie sur l’écran. La réalisation est assez plate et les scènes de sexe ne sont pas spécialement excitantes. Et surtout : le film n’a pas de fin. C’est certainement le plus grand défaut actuel des adaptations de sagas : la fin qui n’en est pas une. Le film s’arrête véritablement au milieu d’une scène. Déjà que l’ensemble du film est mal rythmé et que l’on s’ennuit pendant les 2 heures, on se retrouve en plus avec aucune conclusion. Si Nymphomaniac avait une telle coupure, c’était pour des raisons compréhensible : l’oeuvre initiale durait 4 heures et la production souhaitait couper l’oeuvre en deux.

Quitte à voir un film traitant du BDSM, il est préférable de regarder La Secrétaire ou prochainement My Mistress qui, de par son esthétique, semble être plus en adéquation avec la culture du milieu que tout 50 Nuances de Grey.

D’un ennui profond, 50 Nuances de Grey n’est pas le film sulfureux tant attendu. Il s’agit d’une banale histoire d’amour, sans véritable intérêt qui échoue dans sa volonté d’initier le spectateur aux pratiques du BDSM.

Note :


 

50 nuances de Grey
Réalisé par Sam Taylor-Johnson
Avec Jamie Dornan, Dakota Johnson, Jennifer Ehle,…

Date de Sortie : 11 février 2015
Genre: Romance, Erotique, Drame

Synopsis: L’histoire d’une romance passionnelle, et sexuelle, entre un jeune homme riche amateur de femmes, et une étudiante vierge de 22 ans.

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